Couvre-feu: Restaurants et cafés préparent leur riposte
Alors que les opérateurs tablaient sur ramadan pour se refaire une petite santé, après plusieurs mois de galère, l’exécutif a décidé mercredi d’interdire les sorties nocturnes durant le mois sacré. Ils préparent leur riposte.
Les restaurateurs et gérants de cafés sont en colère. Et pour cause, l’exécutif a décidé, mercredi, d’interdire les déplacements nocturnes durant le mois de ramadan, alors que les professionnels des métiers de bouche tablaient sur cette période pour se refaire une petite santé après plusieurs mois de galère.
Dans le détail, l’interdiction des déplacements nocturnes à l’échelle nationale de 20h à 6h prend effet à compter du 1er jour de ramadan, sauf pour les cas exceptionnels, avec le maintien des différentes mesures préventives annoncées précédemment, souligne un communiqué de l’exécutif. La même source précise que cette décision intervient sur la base des recommandations de la Commission scientifique et technique au sujet de la nécessité de poursuivre la mise en œuvre des mesures nécessaires visant à lutter contre la propagation du nouveau coronavirus (Covid-19), essentiellement avec l’apparition de nouveaux variants dans le pays. Elle s’inscrit également dans le cadre du renforcement des mesures de précaution prises pour préserver la santé des citoyennes et des citoyens, tient compte de la forte mobilité qui caractérise le tissu social marocain pendant ramadan et émane du souci que ce mois béni se déroule dans des conditions de santé appropriées, à la mesure de sa grande symbolique religieuse, selon le communiqué. Cette décision, qui vise à lutter contre la propagation du virus, aura un impact considérable sur les propriétaires des restaurants et des cafés.
«Avec cette décision du gouvernement, 80% des restaurateurs et gérants de café vont faire zéro chiffre d’affaires», s’alarme Mohamed Abdelfadel, président de la Fédération marocaine des franchises.
«Nous aurions souhaité pouvoir travailler jusqu’à minuit, notamment pour les livraisons à domicile, avec des autorisations spéciales», poursuit notre interlocuteur pour qui «si on doit arrêter de travailler à partir de 20h, mieux vaut fermer nos établissements pour tout le mois de ramadan, sachant qu’on ne peut pas dispenser nos services en milieu de journée». Et le coordinateur de la Confédération marocaine des métiers de bouche (CMMB) de renchérir: «Personne ne commandera son hamburger à 15h, encore moins à 20h.» Et le professionnel d’annoncer : «Nous allons adresser un écrit à qui de droit pour qu’on nous laisse au moins une petite fenêtre.» Il faut rappeler que les restaurants et cafés ont déjà subi de lourdes pertes financières en 2020. Plus de 30% d’entre eux n’ont pas rouvert après le confinement et ont enregistré des pertes d’emploi à hauteur de 10%.
«Certaines entreprises ont perdu plus de 60% de leur chiffre d’affaires», déplorait, il y a peu de temps, Mohamed Abdelfadel, avant d’appeler le gouvernement à prendre des mesures urgentes afin de soulager les professionnels dans la tourmente. «La situation est tellement grave qu’une intervention de l’État est nécessaire pour sauver ce qui peut être sauvé», avait-il supplié. Le gouvernement, qui incite «tout un chacun à continuer les efforts consentis, et veillera à prendre toutes les précautions nécessaires et à respecter les mesures prises, dans le but de préserver les importants acquis accomplis par le Maroc dans la lutte contre cette pandémie», ne semble pas entendre les supplications de ces derniers. Dans notre précédente édition, le président du Syndicat national de médecine générale (SNMG), docteur Tayeb Hamdi, s’est félicité de la « sage décision» prise par l’exécutif, expliquant qu’il fallait interdire les activités nocturnes, facteurs de contamination à la Covid-19». Selon lui, la décision du gouvernement repose sur des chiffres réels du terrain, qui montrent une tendance à la hausse de la propagation du virus.
En effet, ces derniers jours, les contaminations ont bondi de 20% alors que le variant britannique, présent dans 7 régions du royaume, se répand dans le pays, au point d’inquiéter certains spécialistes. D’ailleurs, il n’est pas exclu de renforcer les mesures barrières, au cours des jours voire des semaines à venir, si la situation épidémiologique ne s’améliorait pas. «Si, dans les jours à venir, on constate que les activités économiques et sociales contribuent davantage à la propagation du virus, on ira vers des mesures plus restrictives», a alerté mercredi le vice-président de la Fédération nationale de santé (FNS). «Ce qui se passe en Europe avec les variants, nous a appris qu’il faut agir très vite et très fort sinon la convalescence risque d’être très longue», indique le médecin qui soutient mordicus qu’«on ne veut pas d’une troisième vague!»
Khadim Mbaye / Les Inspirations Éco