Bourse : Nexans Maroc met fin à 37 ans de cotation
Le groupe évoque la faible liquidité du titre et la visibilité limitée au sein de la cote pour annoncer sa décision de quitter le marché des capitaux. Une offre publique de retrait portant sur la totalité des titres de capital de Nexans Maroc sera lancée par son actionnaire majoritaire, Nexans Participations. Le titre est suspendu depuis le 24 mars dernier.
La Bourse de Casablanca va bientôt se séparer d’un de ses pensionnaires. Nexans Maroc a décidé, lors de sa réunion tenue le 1er avril, de procéder à la radiation de ses titres de capital de la cote casablancaise. Le groupe évoque comme raison la faible liquidité de son titre et la visibilité limitée au sein de la cote. Par conséquent, «une offre publique de retrait portant sur la totalité des titres de capital de Nexans Maroc sera lancée par son actionnaire majoritaire Nexans Participations, conformément aux dispositions de la loi n° 26-03 relative aux offres publiques sur le marché boursier, telle que modifiée et complétée», explique le groupe. Nexans Maroc met ainsi fin à 37 ans de cotation. «Il faut dire que la valeur n’était pas très liquide depuis presque deux décennies. Les échanges effectués sur la valeur s’amenuisaient année après année», souligne un analyste de la place. Ce sont ainsi 81.910 actions qui ont été échangées en 2019 pour un montant de 10,7 MDH. En 2020, seuls 7.309 titres ont pu changer de main, cumulant un montant de 931.662 DH. À ce jour, 7.511 actions ont été échangées depuis le début d’année, représentant un volume de 954.731 DH. À noter qu’avec un flottant de 2,42 millions de titre, Nexans Maroc est capitalisé à un peu plus de 331,7 MDH, soit à peine 0,05% de la capitalisation globale du marché. Malgré la liquidité réduite du titre, Nexans se porte bien et évolue positivement depuis le début de l’année, et affiche une performance annuelle supérieure à celle du marché de +9,52%, contre +2,53% pour le MASI.
«Le faible nombre d’actions fait que le moindre mouvement peut entraîner d’importantes évolutions», nous explique cet analyste qui affirme ne plus couvrir la valeur depuis plusieurs années.
«Le titre Nexans Maroc a longtemps été considéré comme une valeur de fonds de portefeuille (…) qui présentait un potentiel de croissance à long terme et était souvent recommandée à l’achat», se souvient le professionnel de la place.
De son côté, l’entreprise tenait toujours à rétribuer ses actionnaires, même en temps de crise. Évoluant dans un contexte marqué par le ralentissement des marchés publics, Nexans Maroc avait décidé de maintenir sa politique de distribution de dividendes.
«Le groupe distribuait habituellement pratiquement 80% de son résultat, mais il est clair que le marché exigeait plus et souhaitait plus d’interventions de Nexans Maroc sur le marché des capitaux», nous explique l’analyste.
Il faut dire que le spécialiste du câblage électrique était plus orienté vers le développement de son cœur de métier et l’amélioration de sa performance industrielle que vers la diversification de ses sources de financements. Hormis une augmentation de capital réalisée en 2008 et quelques mises à jour de son programme d’émission de billets de trésorerie, l’industriel a très peu sollicité le marché des capitaux. La filiale du géant français du câble Nexans avait lancé en 2017 «un plan de transformation pour adapter son organisation et ses process aux évolutions technologiques, à sa stratégie 2018-2022, à l’évolution de son marché et pour améliorer sa compétitivité et profitabilité». Opérant dans le câblage électrique, Nexans Maroc couvre plusieurs secteurs d’activité tels que les BTP, les télécoms et l’automobile. L’entreprise vient d’ailleurs de renforcer sa présence industrielle au Maroc avec l’inauguration d’une nouvelle usine pour la business unit Telecom Systems, à Nouaceur. Elle y produira des accessoires de connectorisation de câbles à fibre optique. Cette usine permettra ainsi au groupe Nexans d’augmenter sa capacité de production, tout en élargissant sa gamme de produits et en proposant de nouveaux services d’optimisation de la supply chain, mais aussi de servir les marchés européen et nord-africain. À noter que Nexans Maroc représente une plateforme pour le groupe afin de conquérir les marchés des autres pays africains. L’entreprise dispose d’ailleurs de deux filiales implantées au Sénégal et en Côte d’Ivoire.
Pour Nexans Maroc, le développement à l’export et le plan de réduction des coûts fixes représentent ses principaux leviers de croissance. En 2020, l’activité export, qui représente 35% du chiffre d’affaires, a connu une croissance de 58% par rapport à l’année précédente. Cela a permis de contenir la baisse des revenus consolidés du groupe de 2% à près de 1,8 MMDH.
Par ailleurs, Nexans Maroc a réussi à augmenter ses bénéfices en 2020 malgré la conjoncture économique difficile. Son résultat net consolidé s’est ainsi renforcé de 22 MDH pour atteindre 47 MDH, soutenu par une baisse du besoin en fonds de roulement due à celle des comptes clients et à la rationalisation des stocks. Dans ce contexte, le groupe entend proposer à son conseil d’administration la distribution d’un dividende de 10 DH/action au titre de cet exercice, contre 5 DH/action annoncé en 2019.
Aida Lo / Les Inspirations Éco