Maroc

Le CNDH s’exprime sur le meurtre du petit Adnane

Le Conseil national des droits de l’Homme considère que l’application de la peine de mort à l’encontre du coupable ayant attenté à la vie de Adnane ne réglerait en rien la problématique du viol et de la pédophilie au Maroc.

«Pour nos enfants» est l’intitulé du communiqué signé par la présidente du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), Amina Bouayach, en vue de formuler le point de vue du Conseil sur les retombées du crime horrible perpétré récemment contre le petit Adnane, devenu une affaire d’opinion publique. L’argumentaire du Conseil pour motiver sa position par rapport aux demandes d’application de la peine de mort contre le coupable ne pouvait déroger aux positions de principe déjà exprimées. Ces dernières rejettent le recours à la peine de mort comme sanction dissuasive qui aurait le pouvoir d’éradiquer le phénomène des violences sexuelles au Maroc.

«Même si la peine de mort venait à être appliquée, bien qu’elle soit non dissuasive, inefficace et délétère à la société, cela ne réglerait en rien la problématique du viol et de la pédophilie au Maroc, car les dispositions légales y afférentes sont ambigües, confuses et non prévisibles, et l’application de la loi, non systématique», souligne Amina Bouayach.

La présidente du CNDH considère également que les lacunes de la législation pénale profitent aux criminels. «C’est la certitude d’être poursuivi et la lutte contre l’impunité qui restent les meilleurs moyens de lutter contre le crime, et au Maroc nous en sommes tous les jours témoins. Chaque jour, nombre de coupables de viol échappent à la justice après abandon de la plainte par les parents de la victime, en contrepartie d’une ‘‘compensation’’ financière ou d’un mariage de la honte. C’est ainsi que, chaque jour, le silence des victimes est acheté et payé au prix fort, un prix que la société entière endosse», insiste la présidente du CNDH. Le Conseil se base donc sur l’inconstitutionnalité de la peine de mort dans cette affaire qui a choqué les familles marocaines, tout en insistant sur les mesures alternatives qui peuvent être formulées par une réforme du Code pénal. Le Conseil préconise un durcissement des sanctions contre les viols non seulement des mineurs, mais aussi de toutes les catégories d’âge victimes de violences sexuelles.

Younes Bennajah / Les Inspirations Éco



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