Maroc

Prisons : une nouvelle stratégie sanitaire dans le pipe

La Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion mène la réflexion sur l’élaboration d’une stratégie nationale de santé dédiée au milieu pénitentiaire.

Le milieu pénitentiaire aura sa propre stratégie sanitaire. La Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR) prévoit, en collaboration avec le ministère de la Santé et avec l’appui de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et du Fonds mondial de lutte contre le sida, s’adjoindre les services de consultants pour travailler sur une feuille de route dédiée. «Ladite stratégie devrait s’aligner sur les normes internationales en matière de santé et des droits de l’Homme (ONUDC, OMS) et devrait être menée dans le cadre d’une approche de santé publique, reposant sur les pratiques optimales et s’adaptant au contexte des établissements pénitentiaires», tel qu’exigé par le cahier des charges de ce projet. Il faut dire que, dans le souci de respecter le droit des détenus à la santé et à des soins médicaux de qualité, la DGAPR a entrepris, depuis sa création en 2008, une stratégie en matière de soins pour promouvoir la santé en milieu carcéral à travers des actions prioritaires. En dépit des efforts conjugués, plusieurs contraintes demeurent et limitent l’efficacité des actions entreprises en matière de santé, notamment d’intégration des services en ciblant les besoins et conditions spécifiques de cette population. D’où l’intérêt de cette nouvelle stratégie !

Benchmark
La feuille de route à mettre en place devrait couvrir la période 2021-2025 et inclure plusieurs aspects. Il s’agira pour cela de comparer les différentes approches de santé publique adoptées en milieu pénitentiaire ainsi que les bonnes pratiques, notamment dans des pays au contexte similaire. Viendra après l’étape de l’élaboration de l’état des lieux de la santé en milieu pénitentiaire au Maroc afin d’identifier les lacunes, les besoins, les priorités, et les actions à déployer à terme. En somme, il faudra concevoir un cadre stratégique à même de définir les objectifs, les cibles, les résultats attendus, les domaines prioritaires, les défis, les mécanismes de suivi, évaluation et coordination, ainsi qu’une feuille de route sur les actions à entreprendre et les ressources à mobiliser.

Réalisations
Le Maroc compte une population carcérale qui s’élève, à fin décembre 2019, à 86.384 détenus, dont 2,4% sont des femmes et 6,5% sont des mineurs, répartis sur 77 établissements pénitentiaires. Dans sa démarche d’amélioration de l’accessibilité des détenus à des services complets de prévention, de traitement et de prise en charge sanitaire globale, la DGAPR a développé de nombreux partenariats nationaux et internationaux en matière de santé. Cet effort s’est matérialisé par la mise en place au niveau des établissements pénitentiaires de plusieurs interventions dont la mise à niveau des Unités de santé pénitentiaires (USP) en termes d’infrastructure et équipement médico-technique et informatique. La DGAPR a également amélioré la couverture médicale des établissements pénitentiaires grâce au recrutement annuel du personnel médical, paramédical et des psychologues portant l’effectif à 99 médecins, 71 médecins dentistes, 477 infirmiers et 51 psychologues. Elle a aussi procédé au renforcement des prestations médicales curatives qui sont réalisées à 93% au sein des USP, avec le recours aux hôpitaux publics et au secteur privé, limité aux prestations spécialisées ou examens paracliniques ou encore les hospitalisations. En plus de l’ouverture de 10 unités d’addictologie, dont 5 assurent la continuité de la prestation par la méthadone pour tous les détenus déjà bénéficiaires de cette substitution avant leur incarcération, avec un total de 456 détenus pris en charge depuis le début du programme. En ce qui concerne la prise en charge globale du VIH/TB/Hépatites virales et usage problématique de drogues, la DGAPR a amélioré ses indicateurs. Ainsi, entre 2008 et 2018, l’incidence de la tuberculose a été réduite de 55% et les décès par cette maladie de 46%. En 2019, les interventions de prévention combinée en matière d’IST/VIH ont permis de couvrir 42% de la population carcérale, avec 35% de détenus ayant bénéficié du dépistage, soit une amélioration du dépistage (5 fois plus) par rapport à 2015.

Sanae Raqui / Les Inspirations Éco



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