Education: révision des curricula, ce qui va changer
Dans l’attente d’une refonte globale des programmes scolaires, le ministère de l’Éducation nationale poursuit son chantier de révision des curricula et programmes qui a démarré il y a quatre ans. Cette rentrée scolaire verra des changements au niveau de l’enseignement de certaines matières des 5e et 6e années du primaire.
La réforme tant souhaitée du système éducatif reste tributaire de la révision des curricula qui ont été pendant longtemps pointés du doigt. Le ministère de l’Éducation nationale a lancé il y a quatre ans un chantier de réforme des programmes du cycle primaire qui devra être achevé lors de la prochaine rentrée scolaire. Les grands changements devront s’opérer au niveau des cinquième et sixième années du primaire. Le ministère vient d’éditer un document sur les principales nouveautés du curriculum qui doit être pris en considération par les enseignants et les cadres pédagogiques. Le but est d’adapter l’enseignement aux nouveautés technologiques et pédagogiques. Cette révision s’est basée sur les résultats des différentes études menées sur le secteur ainsi que des évaluations nationales et internationales. La nouvelle programmation scolaire s’assigne plusieurs objectifs. Ainsi, à titre d’exemple, on tend à unifier la vision d’apprentissage des langues en se basant sur une logique de complémentarité entre les compétences d’écoute, de l’expression orale, de la lecture, de l’écriture et de la compréhension. Il s’agit aussi de construire des ponts entre les langues enseignées au primaire afin de permettre aux élèves de communiquer dans différentes langues.
Au niveau des mathématiques, des sciences et de la technologie, il a été procédé à « l’actualisation du vocabulaire du programme scolaire et de la méthodologie d’enseignement conformément aux critères adoptés au niveau international et en totale conformité avec les besoins des apprenants ». On vise aussi à l’allégement du programme scolaire, comme le stipule la vision stratégique 2015/2030. Il faut dire que le temps d’instruction au Maroc est jugé très élevé par rapport à nombre de pays dont le système d’enseignement est performant. Une problématique qui a été soulevée, à pluieurs reprises, par le ministre de tutelle, Said Amzazi, qui reconnaît la nécessité de réformer les rythmes scolaires. La prochaine rentrée scolaire connaîtra quelques changements en la matière comme en atteste la nouvelle organisation qui vient d’être annoncée et qui prévoit, entre autres, un nouveau calendrier pour les vacances scolaires, permettant aux élèves de souffler chaque six à sept semaines. L’organisation du temps scolaire permet en effet de répondre à des objectifs pédagogiques pour permettre aux enfants de mieux apprendre à l’école. Par ailleurs, le renouvellement du contenu scolaire se fera à travers notamment l’introduction de nouveaux sujets. À cela s’ajoute, -nécessité oblige-, le renforcement des séances des sciences et de l’éducation civique.
Le Maroc est en effet appelé à renforcer l’enseignement des sciences pour améliorer le positionnement de ses élèves dans les classements internationaux. Il doit aussi miser sur l’éducation aux valeurs. D’aucuns soulignent qu’il est grand temps de s’attaquer à ce dossier car on assiste de plus en plus à une déliquescence des valeurs aussi bien au sein de l’école que dans la société. L’éducation aux valeurs a été pratiquement négligée au cours des dernières années et on s’est focalisé plutôt sur la transmission du savoir et des connaissances. C’est dans ce cadre que s’inscrit la volonté de donner plus d’importance à l’éducation civique dans les programmes scolaires au niveau du cycle primaire. D’autres mesures devront suivre pour implémenter les dispositions de la loi cadre dont l’élaboration de la charte de l’apprenant qui précise les droits et les devoirs des élèves.
Une refonte globale s’impose
Les responsables du département de l’Éducation nationale disaient attendre l’adoption de la loi cadre de l’éducation et de la formation pour pouvoir opérer cette réforme qui nécessite la mise en place d’une commission permanente auprès des autorités gouvernementales concernées chargée du renouvellement et d’adaptation des programmes, des curricula et des formations des différentes composantes du système d’enseignement. L’article 28 de la loi cadre stipule que cette commission doit élaborer un cadre référentiel des curricula ainsi que des guides des programmes et des formations . Ce point est inscrit parmi la liste des réformes urgentes à entreprendre dans le cadre du projet de réforme en cours. L’accélération de la cadence pour la mise en place de cette commission s’impose pour opérer la réforme nécessaire et radicale des contenus pédagogiques qui sont considérés comme l’une des causes essentielles dans le mauvais classement des élèves marocains dans les classements internationaux. Pour réussir ce pari, l’amélioration de la formation des enseignants s’avère une condition sine qua non.
Jihane GATTIOUI / Les Inspirations ÉCO