Wafa Assurance tourne la page de la sinistralité
Les revenus de la compagnie se sont élevés à 8,9 MMDH, en hausse de 5,8%, portés principalement par l’activité Vie. Ce segment a en effet franchi un nouveau palier en atteignant les 5,1 MMDH, soit une progression de 8,8% grâce à la première percée des unités de comptes en Épargne et le développement des produits Prévoyance via la bancassurance. En effet, le groupe a renforcé son offre ces dernières années en se positionnant sur l’assurance inclusive. La gamme Taamine Iktissadi couvre actuellement plus de 330.000 clients recrutés à travers le réseau d’Al Barid Bank.
Du côté de la Non-Vie, le chiffre d’affaires s’est établi à 3,8 MMDH, en progression de 1,9%. «Une croissance qui résulte aussi bien du marché de l’entreprise que du marché des particuliers», remarque le top management. Par ailleurs, l’automobile totalise un chiffre d’affaires de 1,7 MMDH à fin 2019, en amélioration de 3,5% en dépit d’un assainissement du portefeuille. La sinistralité a longtemps tenu en joue l’ensemble du secteur, mais elle s’est nettement réduite en 2019 grâce aux mesures mises en place par chaque opérateur.
Wafa Assurance assure, à son niveau, être revenue à ses fondamentaux. «Notre offre fournissait un service d’indemnisation tarifaire, qui était très minoritaire dans notre portefeuille (moins de 5%). Ce produit d’appel, qui était marginal et promotionnel, est devenu au fil des ans majoritaire… Nous avons donc décidé de le réduire avec des conditions», explique Ramsès Arroub, PDG de Wafa Assurance.
Du coup, dès juin 2019, la compagnie a pu constater une nette inflexion de la sinistralité automobile. La charge des sinistres liés aux risques s’est réduite, améliorant au passage le ratio de sinistralité. Celui-ci s’est établi, à fin 2019, à 81,8% contre 86,8% en 2018, ce qui a amélioré par ricochet le ratio combiné, qui ressort à 107,9% contre 113,1% auparavant. Ceci étant, et compte tenu de la situation particulière du marché des capitaux, le résultat financier a enregistré un certain retrait. Le résultat financier Non-Vie ressort à 700 MDH, en repli de 192 MDH en raison de la baisse voulue des plus-values réalisées, permettant de préserver le matelas de plus-values latentes. Le résultat financier Vie s’élève à environ 1 MMDH, en hausse de 65 MDH. Aujourd’hui, malgré la menace du coronavirus et son effet sur la place casablancaise, le groupe garde son sang froid. La compagnie aux 40 MMDH d’engagement estime qu’il n’y a encore rien d’alarmant, mais le marché doit être surveillé. Disposant d’un portefeuille réparti entre 30% en actions et 70% en obligataire, la compagnie s’auto-qualifie d’«investisseur à long terme».
«Notre stratégie de placement est la même depuis plusieurs années. Elle se base sur du Buy & Hold et c’est sur du long terme», souligne Arroub.
Pourtant, la chute du marché cette semaine implique la consommation d’une partie des plus-values latentes du groupe. «Nous avons un portefeuille qui regroupe des actions acquises il y a plus d’une quinzaine d’années de cela. Il ne faut pas donc comparer le cours en Bourse à celui de la veille, mais plutôt à son cours historique… Nous serons certes affectés, mais ce ne sont pas ces événements qui nous feront changer d’avis sur nos actions», maintient Arroub. Les risques, le top management de Wafa Assurance, en a recensés quelques-uns. L’assureur estime qu’il sera affecté comme tout acteur économique par une conjoncture perturbée. Cette année, la pandémie de coronavirus en est la principale cause.
«Nous sommes des assureurs décès, nous sommes exposés à ce genre de situation», remarque Arroub.
Un paramètre qui a déjà été pris en compte par la compagnie ayant l’habitude de souscrire à une couverture pour risque catastrophique auprès de réassureurs étrangers. «En cas de cumul, nous sommes protégés par cette couverture que ne nous avions l’habitude de prendre à un tarif préférentiel durant les 15 dernières années», explique Arroub, soulignant que la survenue de la pandémie devrait pousser les réassureurs à revoir leurs prix en 2021 en fonction de la réaction de chaque marché à cette situation. Toutefois, cette garantie permettrait de limiter les pertes si ce risque venait à se matérialiser.
«Mais pour l’instant, rien d’alarmant», estimait Arroub, soulignant que l’assurance décès regroupe quelques millions de dirhams présentant un certain risque. Un risque qui reste «éparpillé», comme dans le cas de l’automobile. Il serait d’ailleurs atténué par le fait que l’assurance décès soit liée à des crédits immobiliers fournis à une population âgée de 40 ans en moyenne, issue de toutes les régions du Maroc.