Financement de la TPME. L’innovation s’impose
Le financement bancaire devrait être complété par les autres modes de financement alternatif comme le capital-investissement, le capital-risque, le crowdfunding ou encore les business angels. Les règles prudentielles des banques ne permettent pas de financer un tissu d’entreprises par définition sous-capitalisées.
Le colloque international organisé conjointement par les deux chambres du Parlement, mercredi à Rabat, intervient au lendemain de la signature, lundi au Palais royal de Rabat, de trois conventions sur le financement des TPME. Cependant, il s’inscrit aussi dans le cadre de la disposition formulée par l’institution législative, principalement la Chambre des députés, d’interagir avec les orientations royales. Cette rencontre s’inspire donc naturellement du discours royal du 11 octobre 2019 à l’occasion de l’ouverture de l’actuelle session parlementaire.
Les débats durant cette journée d’échange ont eu pour soubassement la nouvelle dynamique inscrite par le gouvernement (ministère des Finances), les banques, la CGEM et la Banque centrale pour faciliter l’accès au financement et l’accompagnement des jeunes porteurs de projets ainsi que des TPME, principalement celles à vocation exportatrice. Intervenant à cette occasion, Mohamed Benchaâboun a rappelé l’objectif des trois conventions signées devant le roi, à savoir le financement de l’entrepreneuriat, l’accompagnement de l’entreprise et l’intégration financière de la population rurale. Le ministre des Finances n’a pas manqué de mettre en évidence certaines réalités.
D’abord, plus de 95% du tissu économique est constitué de TPE dont la plupart a un chiffre d’affaires qui ne dépasse guère 3 MDH. Mais ce sont ces TPE qui emploient le plus et qui, de ce fait, créent le développement durable dont le pays a besoin.
TPME, maillon faible de l’économie
Le ministre a par ailleurs dressé le topo d’une économie nationale moins dépendante de la clémence du ciel, d’une baisse remarquée du déficit budgétaire et du compte courant de la balance des paiements.
Dans le classement Doing Business de la Banque mondiale, le royaume a réalisé une bonne performance malgré les critiques, passant de la 115e place en 2011 à la 53e en 2019. S’ajoutent à cela la toute récente réforme des centres régionaux d’investissement et la création électronique d’entreprises. Benchaâboun a par ailleurs annoncé que les financements garantis accordés au TPME ont totalisé 110 MMDH sur les 10 dernières années, tandis que les garanties accordées ont atteint, durant la même période, 60 MMDH au profit de 76.000 projets. Il a souligné que les deux fonds publics d’investissement dans le capital des TPME ont investi 600 MDH sur les 850 MDH alloués. Dans le même sens, le plafond des microcrédits est passé de 50.000 à 150.000 DH pour une meilleure intégration financière et pour soutenir les activités génératrices de revenus. Ne pas non plus perdre de vue le fonds Innov Invest, doté de 500 MDH émanant du Budget de l’État.
Pour sa part, Chakib Alj, président de la CGEM, a insisté sur le fait que les TPME constituent aujourd’hui le centre névralgique de l’économie marocaine avec un rôle fondamental dans la création de richesses et d’emplois. Il a toutefois rappelé que le financement étant le nerf de la guerre, l’insuffisance de trésorerie reste la principale cause de faillite des entreprises. Tout en saluant l’engagement du secteur financier à travers le programme d’appui paraphé lundi dernier devant le souverain, Alj estime que le financement bancaire devrait être complété par les autres modes de financement alternatif comme le capital-investissement, le capital-risque, le crowdfunding ou encore les business angels.
Pour le responsable, une réglementation plus adaptée concernant ces modes de financement devrait voir le jour. Justement, les règles prudentielles auxquelles sont soumises les banques ne leur permettront pas de financer un tissu d’entreprises qui sont par définition sous-capitalisées.
«Nous avons le devoir collectif de créer les outils de financement adéquats pour notre économie, pour intégrer les entreprises non éligibles aux financements bancaires, tout cela sans réduire l’immunité bancaire de notre pays», a plaidé Alj.
Ce dernier parle en connaissance de cause, sachant que la CGEM a déjà mené un roadshow auprès des entreprises, principalement les TPME, afin de sonder leurs attentes et les obstacles auxquels elles sont confrontées.