Université Euromed de Fès : conférence autour de “La Société des Vulnérables”
Najat Vallaud-Belkacem, ex-ministre de l’Éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche de la République française, a entamé, vendredi dernier, son cycle de séminaires et cours au profit des étudiants de l’Université Euromed de Fès (UEMF). Une occasion de présenter et de débattre de son nouveau livre «La société des vulnérables».
Najat Vallaud-Belkacem, ex-ministre des «Droits des Femmes», ensuite de «la Ville, de la jeunesse et des sports», puis de «l’Éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche» de la République française et actuellement directrice générale de l’ONG de solidarité internationale «ONE France», a entamé, vendredi 11 février, son cycle de cours et de séminaires au profit des étudiants de l’Université Euromed de Fès (UEMF). La première conférence de Vallaud-Belkacem s’est déroulé autour de son récent ouvrage «La société des vulnérables – Leçons féministes d’une crise» paru dans la collection Tracts de Gallimard et co-produit avec l’universitaire Sandra Laugier. Dans son livre, l’auteur a partagé son regard sur comment le féminisme doit repenser son système de valeurs avec une vision plus globale de l’ordre social pour ne pas devenir la transposition d’un ordre patriarcal à l’échelle mondiale, dans lequel persistent les mêmes inégalités sociales et où les tâches du «care», n’étant pas plus valorisées, se trouvent reléguées à d’autres vulnérables (peuples du sud, pauvres, immigrés).
Les trois leçons à tirer de «La société des vulnérables»
Lors de la conférence inaugurale, Najat Vallaud-Belkacem a présenté aux étudiants les trois principaux enseignements à tirer de son livre. Premièrement, le Covid-19 a mis au jour que l’existence, au sens littéral, vital, n’est possible que grâce à certains emplois, largement occupés par des femmes. En effet, la pandémie a montré, de manière paroxystique, que nous avons besoin de protection et de solidarité. Et les métiers qui y pourvoient sont peu, voire pas valorisés, ils correspondent à un travail féminin, donc historiquement gratuit (et pour cela faiblement rémunéré aujourd’hui), notamment parce qu’il renvoie à des qualités prétendument innées. Sans parler des tâches parentales et domestiques encore plus inégalement partagées dans les couples avec la crise, au désavantage des femmes. Le deuxième enseignement du livre, c’est, corrélativement, la place encore plus faible donnée aux femmes dans l’espace public et en particulier médiatique. Mansplaining, persistance à être sûr de soi, à couper la parole. Le «monde d’après» se construit au masculin sur les plateaux de télévision et en «Une» des journaux, et cette construction patriarcale se pense universelle, neutre.
Moins sollicitées, moins susceptibles, avec le confinement, de se rendre dans les médias, les expertes ont été fortement victimes de sexisme. Leurs compétences ont, de surcroît, été remises en cause, plus que celles de leurs homologues masculins. Généralement, la pandémie a amplifié les inégalités femmes-hommes dans toutes les catégories sociales. «Partout dans le monde, les femmes sont les grandes perdantes du confinement et du Covid-19. On ne prend pas en compte les besoins spécifiques qui sont les leurs, comme les violences de la part du conjoint au foyer, déscolarisation et augmentation des mutilations sexuelles et des mariages forcés dans les pays pauvres, en plus d’un basculement plus fréquent dans le chômage», précise l’auteur.
Le troisième enseignement soulevé par l’auteur c’est qu’il faut des politiques «gender conscious». En effet, «ignorer que l’on vit, aujourd’hui et partout, dans des lieux marqués par l’inégalité de genre, c’est négliger ce qui fait le substrat des catastrophes à venir. C’est aussi négliger des possibilités, dans un environnement changeant, de transformation culturelle profonde permettant de mieux affronter l’avenir». Pour agir, il faut comprendre et pour comprendre, il faut connaître. Or, «les femmes sont à la fois parmi les indispensables et les vulnérables». Et bien sûr, il faut penser cela à l’échelle internationale. Sans le travail et l’action des femmes, le monde ne tiendrait pas. Or ce travail et cette action sont minimisés, niés, sous-estimés. Pour terminer, l’ex-ministre de l’Éducation en France a expliqué que «la pandémie de Covid-19 est une occasion pour remettre du politique dans notre vie collective et rappeler que le féminisme est un outil, un ressort, un ensemble de ressources indispensables en démocratie et ailleurs ».Lors de sa visite, Belkacem, qui a été accompagnée du président de l’UEMF, Mostapha Bousmina, a visité les différents espaces et plateformes technologiques de Recherche & innovation, en particulier la plateforme de la fabrication additive (3D), les technologies 4.0, les laboratoires de l’Intelligence artificielle et de robotique, la plateforme de résonance magnétique nucléaire (RMN), les laboratoires de la biotechnologie-biomédical et pharmacie, ainsi que l’espace dédié à l’incubation des startups.
Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO