Santé infantile : l’INDH met les bouchées doubles
L’Initiative nationale pour le développement humain (INDH) célèbre son 19e anniversaire sous le slogan «Les mille premiers jours : Fondement de l’avenir de nos enfants». L’occasion de faire un focus sur la santé et la nutrition de la mère et de l’enfant. Bien que des efforts considérables aient été consentis, les récents chiffres sont inquiétants et prouvent que bien du chemin reste à faire dans ce domaine.
Au Maroc, 15.000 enfants meurent chaque année avant l’âge de 5 ans, dont 60% au cours des 28 premiers jours de vie. Un constat alarmant dressé par l’INDH, qui lance, à l’occasion de son 19e anniversaire, une nouvelle campagne pour tenter de sensibiliser sur l’importance vitale des 1.000 premiers jours de la vie d’un enfant.
Cette période, qui va depuis la conception jusqu’à la fin de la deuxième année, représente, de l’avis de tous les experts, une fenêtre de développement déterminante, qui influence durablement la santé et le bien-être futurs de la nouvelle génération et la constitution d’un capital humain national de qualité.
L’investissement dans le développement de la petite enfance est, selon les experts et les spécialistes, 1,5 à 10 fois plus efficace que les investissements engagés dans d’autres étapes de la vie.
Disparités persistantes
Ces chiffres démontrent également la persistance des disparités entre villes et campagnes. Ces chiffres révèlent des écarts significatifs dans l’accès aux soins prénatals et obstétricaux entre les populations rurales et urbaines. En effet, le taux de mortalité maternelle demeure un indicateur crucial de disparité. En milieu rural, ce taux atteint deux fois et demi celui enregistré en milieu urbain, avec 111,1 décès pour 100.000 naissances vivantes, contre 44,6 pour 100.000.
Parallèlement, les données de l’Enquête nationale sur la population et la santé familiale révèlent une réalité en demi-teinte en ce qui concerne les consultations prénatales. Bien que plus de 88% des femmes enceintes y aient recours, seulement 53,5% d’entre elles reçoivent les quatre consultations prénatales recommandées par les autorités sanitaires.
Cette lacune est particulièrement marquée en milieu rural, où seules 38,5% des femmes reçoivent les soins prénatals adéquats, comparativement à 65,6% en milieu urbain.
Surpoids alarmant
Le poids de la santé infantile ne se limite pas aux premières années de vie. Les disparités persistent également en ce qui concerne la croissance et la nutrition. Les chiffres révèlent que 10,4% des enfants de moins de 5 ans souffrent de retard de croissance dans les zones urbaines, contre 20,5% dans les zones rurales.
Parallèlement, les troubles liés à la surcharge pondérale, tels que le surpoids et l’obésité, sont en augmentation constante. En 2018, ces conditions affectaient respectivement 10,8% et 2,9% des enfants, constituant un défi croissant pour la santé publique. Ici encore, des disparités régionales se creusent.
L’INDH juge la situation alarmante dans deux régions, à savoir, à Laâyoune-Sakia El Hamra et Béni Mellal-Khénifra, où le taux de retard de croissance est de 19% et 17,4%, respectivement. La région où ce taux est le plus faible est Dakhla Ouad Eddahab (6,1%), tandis que les autres régions se situent entre 7% et 12%.
Dans ce sens, l’INDH a mis en place un Dispositif de santé communautaire dans trois régions prioritaires (Béni Mellal-Khénifra, Marrakech-Safi et Drâa-Tafilalet), et ce, afin de réduire les inégalités territoriales en matière d’accès aux soins, tout en tenant compte des facteurs socio-économiques et culturels.
Des campagnes élargies
Par ailleurs, d’autres campagnes ont été lancé par l’INDH pour réduire ces écarts, notamment le Programme national de nutrition, le Programme national de suivi et de gestion des grossesses et des accouchements ou encore le Programme national de planification familiale. Le choix de cette thématique s’inscrit également en droite ligne avec les objectifs de la troisième phase de l’INDH qui a mis l’accent sur la promotion du capital humain, en investissant dans le développement de la petite enfance, un des axes du quatrième programme intitulé “Impulsion du capital humain des générations montantes”. Celui-ci accorde une attention particulière à l’éducation ainsi qu’à la santé et à la nutrition maternelles et infantiles.
Au cours des célébrations tenues aux quatre coins du Maroc, des milliers de personnes ont pu bénéficier des services des caravanes médicales. Une maison de maternité a d’ailleurs été inaugurée à M’rirt, dans le but de rapprocher les services de santé des femmes de cette région en plus de soutenir et d’accompagner les femmes enceintes avant, pendant et après l’accouchement, en particulier celles relevant des zones rurales et montagneuses.
À noter que, dans le cadre de sa troisième phase destinée à la promotion du capital humain, l’INDH a œuvré en investissant dans le développement de la petite enfance, a indiqué Le wali-coordinateur national de l’INDH, Mohammed Dardouri. Il a également souligné qu’un dispositif de santé communautaire a été mis en place.
L’objectif est d’améliorer l’accès aux services de santé ainsi que la nutrition, maternelles et infantiles, et ce dans le cadre d’un accord avec le ministère de la Santé et de la Protection sociale et l’UNICEF. L’expérimentation de ce dispositif, a-t-il ajouté, a été menée dans 49 cercles situés dans trois régions prioritaires. Il a noté par ailleurs qu’une stratégie visant à généraliser ce dispositif a été élaborée, dans la perspective de son intégration dans le système de santé national, en partenariat avec le département de tutelle, et ce, avec le soutien de la Banque mondiale.
Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO