Salon Halieutis : un nouvel élan pour la coopération maritime avec l’Espagne
Il n’existe pas de cadre de coopération bilatérale portant sur la pêche maritime entre le Maroc et l’Espagne, son principal client en matière de produits de la pêche. En effet, cette coopération est régie dans le cadre des accords de pêche avec l’UE. Cependant, les deux pays entendent profiter du climat favorable qui caractérise actuellement leurs relations pour envisager de nouvelles pistes de coopération. Détails.
Le rideau s’est levé sur le Salon Halieutis d’Agadir après une interruption de près de quatre années en raison du Covid-19. Une sixième édition qui confirme son statut de vitrine africaine des métiers de la pêche et de l’aquaculture, avec la participation de 337 exposants parmi les opérateurs des secteurs de la pêche, de la transformation des produits de la mer et de l’aquaculture. Ils représentent 49 pays dont 22 pays africains membres de la Conférence ministérielle sur la coopération halieutique entre les États africains riverains de l’océan Atlantique (COMHAFAT) qui se réunit, aujourd’hui, à Agadir.
L’inauguration de cette édition, marquée par l’assistance de 32 délégations dont 13 ministres, notamment de pays africains, coïncide avec la tenue du sommet de Rabat entre le Maroc et l’Espagne. Ce coup d’envoi a été marqué par la présence d’Aziz Akhannouch, Chef de gouvernement et de Mohammed Sadiki, ministre de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts. Le nombre d’exposants internationaux, à ce rendez international biannuel, s’est élevé à 126, soit 48% de l’ensemble des exposants, compte non tenu des exposants institutionnels.
À noter que l’Espagne en était l’invitée d’honneur. Pour rappel, ce pays est le premier producteur de produits de la mer de l’UE et le 20e mondial. Il figure aussi parmi les cinq premiers consommateurs des produits de la mer au monde. L’Espagne est également le principal client des produits de la pêche exportés par le Royaume. En 2022, les exportations du Maroc vers l’Espagne ont ainsi totalisé un volume d’environ 137.000 tonnes pour une valeur de 9,2 MMDH.
Bien qu’il n’existe pas de cadre de coopération bilatérale en matière de pêche maritime entre le Maroc et l’Espagne, cette coopération relevant des accords de pêche avec l’Union Européenne (UE), les deux pays entendent mettre à profit le climat favorable de leurs relations actuelles pour envisager de nouvelles opportunités de coopération.
Les opportunités de coopération maroco-espagnoles
Selon Zakia Driouich, secrétaire générale du département de la Pêche maritime, «cette coopération est censée être mutuellement bénéfique, ne serait-ce que parce que les clients des uns sont souvent les fournisseurs des autres», souligne-t-elle. Dans ce sens, «les opérateurs marocains, présents à cette 6e édition du Salon Halieutis, sont disposés à étudier les possibilités d’établir un partenariat durable avec leurs homologues espagnols. Je n’ai aucun doute que des partenariats sont possibles des deux côtés, et les autorités marocaines sont prêtes à assister et accompagner les opérateurs qui le souhaitent pour définir et mettre en œuvre ces actions», ajoute Zakia Driouich.
L’Espagne possède l’un des systèmes de contrôle de la pêche les plus stricts qui soient, et c’est l’un des principaux pays participant à la lutte contre la pêche illégale. Par ailleurs, c’est aussi le principal bénéficiaire des accords de pêche signés entre le Maroc et l’UE, avec, selon le département de la Pêche, plus d’une trentaine de navires en activité dans les eaux marocaines.
Le voisin ibérique a également accompagné le Royaume dans plusieurs actions de développement de son secteur halieutique, à travers la formation maritime, la recherche scientifique, le sauvetage et la sécurité. C’est la raison pour laquelle plusieurs opportunités de coopération s’offrent aux deux pays, notamment l’établissement d’un partenariat dans le domaine de la formation maritime à travers le jumelage entre les établissements de formation et l’échange de programmes.
Il s’agit aussi de consolider les activités de coopération en matière de sauvetage des vies humaines en mer et la médecine des gens de mer, en plus du renforcement des capacités des cadres marocains sur le volet gestion et statistiques des pêches. S’y ajoutent les échanges d’expérience en matière de commercialisation des produits de la pêche, notamment concernant la digitalisation, les systèmes de cautionnement et l’assistance technique dans le domaine de l’aquaculture (formation et transfert de savoir-faire, renforcement du Partenariat public-privé…). Aussi, la participation espagnole à ce salon a été précédée par la présence d’Allicia Villauriz Iglzsias, secrétaire générale des pêches espagnole, lors de la 2e conférence de haut niveau organisée à la veille de cette édition, au sujet de l’Initiative de la ceinture bleue pour la pêche et l’aquaculture durable en Afrique. Elle y a côtoyé les représentants des délégations ministérielles appartenant à 22 états et 10 organisations internationales d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Europe.
Les secteurs halieutiques marocain et espagnol renforcent leur partenariat
Par ailleurs, le thème choisi pour cette édition porte sur «La Pêche et l’aquaculture durables, en tant que leviers pour une économie bleue inclusive et performante». Les secteurs halieutiques marocain et espagnol renforcent leur partenariat autour de la recherche scientifique et l’innovation en faveur de l’émergence d’un écosystème halieutique ancré dans l’économie bleue.
À cet égard, une conférence-débat sur les opportunités collaboratives et les mécanismes conjoints de renforcement de la contribution de la recherche scientifique et technologique à la transformation bleue du secteur halieutique, sera initiée aujourd’hui même, en marge de cette 6e édition, par le Cluster Agadir Haliopole (AHP) du Maroc et le Centre de développement technologique et industriel (CDTI) de l’Agence de l’innovation espagnole. Cette rencontre réunira une pléiade d’experts de haut niveau, aussi bien espagnols que Marocains, pour explorer les opportunités et domaines de coopération entre les deux pays dans le secteur halieutique.
Les débats devraient faire ressortir les pistes d’amélioration en vue d’élargir et de renforcer le socle partenarial afin de créer de la valeur ajoutée, en s’appuyant, notamment, sur la recherche scientifique et l’innovation technologique. Il s’agit aussi d’explorer les solutions offertes ainsi que les mécanismes et clés de financement à développer pour soutenir les solutions et dynamiser les échanges d’expertise dans les différents domaines de la recherche scientifique et de l’innovation.
Ces derniers pouvant être des leviers de la transformation du secteur halieutique pour en assurer la résilience et la croissance durable. Parallèlement, une session de networking pour fédérer les synergies sera également initiée, durant la même journée, à l’initiative de l’AHP et de la direction des Industries de la pêche, pour renforcer la mise en réseau et les synergies. Cette session a réuni les opérateurs économiques, acteurs institutionnels et financiers, organisations professionnelles, opérateurs de la recherche scientifique et technologiques du secteur halieutique des deux pays.
Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO