Maroc

Rabbah sur des charbons ardents

Abdelaziz Rabbah, ministre de l’Énergie, des mines et du développement durable, s’est rendu dans la province de Jerada pour une visite de deux jours. Bilan de la première journée dont le  but était de désamorcer la crise.

Mercredi à 14h, une délégation gouvernementale avec à sa tête Abdelaziz Rabbah, ministre de l’Énergie, des mines et du développement durable, a rencontré au siège de la province, les élus et les représentants des partis politiques de la province. «Il n’y a pas vraiment d’ordre de jour. Nous serons uniquement dans une approche d’échange avec le ministre», affirmait Mbarka Toutou, présidente du Conseil municipal de Jerada (PAM), avant d’accéder à la salle de réunion. Et d’ajouter: «Nous rappelons les efforts consentis pour le développement de la région. Nous ne sommes pas nihilistes non plus», lance-t-elle pour défendre son bilan à la tête de la commune depuis 2015. Cette réunion entre responsables et  élus est la deuxième de son genre en l’espace de quatre jours. Une première délégation présidée par le wali de l’Oriental, Mouad El Jamai, s’est également rendue à Jerada le 30 décembre pour rencontrer élus et représentants des partis politiques.

Cette réunion a été boycottée par les jeunes du hirak de Jerada et les représentants des syndicats de l’UMT et la CDT, ainsi que les sections des partis du PADS et du PSU et l’Association marocaine des droits de l’Homme. «Du moment que les jeunes du hirak ont refusé d’y prendre part, nous avons pris la même position. Nous ne céderons pas aux tentatives visant à diviser notre mouvement», affirme avec fermeté Mustapha Selouani, syndicaliste affilié à l’UMT Jerada. Pour cette deuxième réunion avec les officiels, le collectif syndical et politique ainsi que les jeunes représentants le mouvement des mineurs ont reçu une invitation officielle. «Nous avons exigé de ne pas être reçus en même temps que les élus. Ces soi-disant représentants de la région sont les premiers responsables de la situation de la ville. On ne peut pas leur donner du crédit pour parler en notre nom», tranche Aziz Naitabou, un des animateurs du mouvement local. Le gouverneur de la ville et la délégation ministérielle ont répondu positivement à la demande des protestataires: deux réunions séparées se sont tenues durant cette journée. Après la première réunion avec les élus qui a duré deux heures, Rabbah a enchaîné avec une rencontre avec le mouvement protestataire à partir de 17h30. À l’heure où nous mettions sous presse, cette réunion se poursuivait. «Nous continuerons à porter le message des habitants», nous a déclaré Selouani de l’UMT, quelques minutes avant le démarrage de cette réunion. Et son camarade Naitabou de préciser : «Nous avons deux types de revendications. Les premières urgences sont relatives à la baisse des prix de l’eau et de l’électricité. Puis il y a une deuxième série d’exigence de nature structurelle que nous appelons l’urgence de trouver une alternative économique pour l’ensemble de la région». Pour Selouani, son syndicat mettra sur la table «la nécessité d’annoncer des emplois publics dans la région».

L’offre gouvernementale pour Jerada
Le gouvernement a déjà décliné son offre en réponse aux doléances des habitants. En réponse à une question centrale à la Chambre des conseillers sur ce sujet le 2 janvier, Rabbah a promis la création de 400 postes d’emplois au profit de la population locale dans le cadre de l’extension de la centrale thermique à Jerada. «Nous demanderons à la société d’exploitation d’augmenter ce nombre à 800 postes», promet Rabbah. Toute en précisant que «ce recrutement passera par une étape de formation professionnelle». À cela s’ajoute le maintien de la Centrale thermique de Jerada et ses trois unités, qui emploient une centaine de personnes. «C’est un message adressé à la population de la région pour créer des postes d’emplois pour les jeunes. Malgré la fermeture de la mine, l’État a décidé de maintenir les investissements énergétiques comme moyen de préserver la place de la province sur la carte de la production», rassure-t-il. Dans une région où le chômage touche 37,8% de la population, ces quelques centaines de postes d’emplois annoncés ne risquent pas de faire fléchir une mobilisation sociale tirant sa légitimité d’une situation socio-économique alarmante. C’est dans ce contexte anxiogène que Rabbah et l’Exécutif devront trouver une réponse aux doléances d’une population qui estime faire partie des laissés-pour-compte du développement.


Le gouvernement et les chiffres

Les chiffres des investissements engagés à Jerada entre 2003 et 2017 et annoncés par Aziz Rabbah au Parlement méritent commentaire. D’abord, ils sont inquiétants quant à l’efficacité des secteurs sociaux et l’INDH. «Dans le domaine social, les investissements ont concerné 111 projets pour une enveloppe de 380 MDH, en plus de 336 projets dans le cadre de l’INDH (340 MDH)», énumère le ministre. Autant d’investissements publics pour des résultats sociaux mitigés devraient pousser à la réflexion sur la pertinence de ces programmes. Ensuite, le chiffre de 10 MMDH d’investissement dans le domaine de l’énergie ne précise pas la part des capitaux privés exploitant les trois centrales de Jerada et l’investissement public (infrastructures).


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