Maroc-UE : la coopération économique passe au niveau supérieur
Rabat et Bruxelles renouvellent leurs vœux et réitèrent leur engagement d’œuvrer ensemble pour consolider davantage le partenariat en centrant les efforts sur le volet économique.
Un plan économique et d’investissement pour le nouvel agenda de l’Union européenne (UE). Voici, en somme, le mot d’ordre de la prochaine feuille de route portant sur la coopération entre le Maroc et l’UE. C’est ce qui ressort de la réunion télématique tenue entre le ministre des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, et le commissaire européen au Voisinage et à l’élargissement, Olivér Várhelyi, jeudi dernier. Une rencontre «extrêmement positive», selon une source au sein du ministère. Assiste-t-on à un nouveau départ ? «Parler de nouveau départ impliquerait qu’il y a eu pause. Or, les deux partenaires n’ont jamais cessé de coopérer. Cependant, une dynamique positive et constructive imprègne à présent ces relations bilatérales», confie cette source, interrogée par Les Inspirations ÉCO. Preuve en est que «l’appui budgétaire européen, d’une valeur de 450 millions, accordé pour accompagner le royaume dans ses efforts de lutte contre la pandémie, démontre, s’il le faut encore, que cette relation n’a jamais battu de l’aile», atteste notre interlocuteur. Certes, la période de Covid-19 est celle d’une concentration sur les priorités nationales, mais Rabat n’a jamais perdu de vue ses partenaires stratégiques. Bien au contraire ! Il semblerait que la crise sanitaire a contribué à révéler, voire confirmer, les atouts du modèle marocain, devant ses partenaires. Par ailleurs, cette nouvelle approche maroco-européenne aura une portée davantage économique.
A cette fin, Bourita et Várhelyi se sont accordés sur la place de choix que jouera dorénavant le dialogue économique comme outil privilégié pour permettre à la coopération bilatérale post-covid de passer à une vitesse supérieure. Comment? Au menu, le lancement de nouveaux domaines de partenariat, en harmonie avec les grandes stratégies tracées par le Maroc. L’accent sera mis sur les énergies vertes, un domaine où le Maroc s’est révélé être champion et modèle inspirant pour les pays du pourtour méditerranéen ainsi qu’en Afrique, indique-t-on auprès de la diplomatie marocaine. La stratégie numérique sera également au centre de ce partenariat maroco-communautaire. De même, il est question d’approfondir davantage la collaboration liée à la lutte contre le blanchiment d’argent. À ce propos, les autorités marocaines n’ont rien à se reprocher et aucun effort n’a été ménagé pour améliorer la conformité et l’efficacité technique de ses engagements en ce qui concerne ce volet. Il reste à Bruxelles d’apprécier, à sa juste valeur, les efforts consentis par le royaume.
En ce qui concerne la lutte contre la menace terroriste, sujet sur lequel la réputation du Maroc n’est plus à faire, les deux partenaires souhaitent approfondir davantage leur coopération, au grand bonheur du partenaire européen. Concernant le volet du voisinage, Rabat souhaite développer une approche constructive et innovatrice. Le Maroc travaille sérieusement, à travers des groupes de travail sectoriels, pour faire converger les priorités marocaines et celles de son partenaire européen, précise le département de Bourita. De fait, les deux partenaires nourrissent la ferme volonté de ratisser plus large et diversifier le spectre de la coopération. Mais pas à n’importe quel prix ! Bourita a rappelé que le «dialogue» et «la concertation», doivent être les piliers de ce partenariat stratégique. En tout cas, et au vu des engagements du club des vingt-huit auprès du Maroc, il semblerait que Bruxelles a développé une réelle prise de conscience des priorités marocaines, d’où cet engagement dans les chantiers phares menés par le royaume. Rabat s’est révélé être un partenaire fiable et pérenne.
À présent, il incombe à Bruxelles de traduire, sur le terrain ses intentions, à l’adresse du royaume, en engageant des appuis financiers pour soutenir les autorités marocaines dans sa démarche réformatrice. «L’ambition est que cette coopération soit un exemple à suivre» souligne notre interlocuteur. En somme, une ferme volonté d’aller de l’avant et des ambitions à la hauteur de cette nouvelle ère post-covid sont là. Il reste à savoir si les bonnes intentions européennes réussiront à l’emporter sur la lourdeur de la machine de l’administration communautaire. Une chose est sûre, la diplomatie marocaine est sur tous les fronts. Car tout en enchaînant les inaugurations de représentations diplomatiques dans les provinces du sud, ainsi que l’appui régional et international à la cause nationale, le chargé du portefeuille ne quitte pas des yeux les grandes partenaires du royaume. Une stratégie qui s’est révélée être payante !
Amal Baba Ali, DNC à Séville / Les Inspirations Éco