Maroc

La Mamounia : OCP prend les commandes

La vente d:a:es parts de La Mamounia à OCP marque un tournant significatif dans l’histoire de cet hôtel légendaire. Cette transaction s’inscrit dans une stratégie nationale de redéploiement des actifs et de promotion du secteur touristique, illustrant la volonté de l’État de se concentrer sur des investissements plus prioritaires pour le développement économique du pays.

La Mamounia change de propriétaire. Le mythique et non moins emblématique hôtel de Marrakech qui vient tout juste d’être consacré 2e meilleur établissement hôtelier de luxe au monde, passe désormais sous le giron de l’OCP. Selon les informations relayées par Asharq Bloomberg que Les Inspirations Eco ont pu confirmer auprès des deux institutions, le gouvernement aurait finalisé la vente de ses parts dans La Mamounia à l’Office Chérifien pour un montant de 173 millions de dollars. De sources proches du dossier, l’opération s’inscrit dans le cadre de la Loi de finances 2024, visant à réorienter les investissements de l’État et à dynamiser le secteur touristique.

OCP, nouvel actionnaire majoritaire
OCP, qui détenait auparavant 40% du capital, devient désormais l’actionnaire majoritaire de l’emblématique institution. L’Office National des Chemins de Fer (ONCF), qui a construit l’hôtel et en possédait autrefois plus de la moitié, n’en détient plus maintenant que 10%, voire moins. Cette vente reflèterait donc la volonté de l’État marocain de désengager ses actifs non stratégiques pour se concentrer sur des secteurs jugés plus prioritaires.

Une stratégie de réallocation des ressources
Rappelons dans ce sens que l’intégration de La Mamounia dans le portefeuille d’OCP s’aligne avec la stratégie de réallocation des ressources et de soutien au développement de secteurs économiques clés. La vente de La Mamounia ferait partie de la liste des privatisables prévus par la Loi de finances 2024.

Parmi les autres actifs figurant sur cette liste, on trouve Marsa Maroc (dont l’État détient 25%), Maroc Telecom (22%), la société d’électricité Taharouat, une société de production pharmaceutique biologique et vétérinaire, et la Société nationale de commercialisation des semences.

Rappelons que le dernier désinvestissement significatif de l’État était intervenu en décembre 2023, lorsque le Maroc avait cédé sa participation dans la Société de développement de la ville de Mazagan pour 1,6 milliard de dirhams au groupe OCP, qui en est devenu l’unique propriétaire.

Un joyau de l’hôtellerie mondiale
La Mamounia, située à Marrakech, est un joyau de l’hôtellerie nationale et mondiale. Célèbre pour son architecture alliant le style marocain traditionnel et l’Art Déco, ainsi que pour ses jardins luxuriants, l’hôtel a une histoire riche. Construit sur un domaine offert par le Sultan Mohammed Ben Abdallah à son fils au XVIIIe siècle, il a été transformé en hôtel par la Compagnie des chemins de fer du Maroc en 1923.

L’hôtel a réalisé un bénéfice net de 226 millions de dirhams (23 millions de dollars) l’an dernier, enregistrant une hausse de 10% par rapport à l’année précédente. La Mamounia dispose de 135 chambres et 71 suites, toutes conçues dans le style marocain traditionnel, offrant un cadre luxueux et authentique à ses clients.

Elle est également réputée pour ses nombreux restaurants et bars, proposant une variété de cuisines internationales et locales, ainsi que pour ses installations de bien-être de premier ordre, incluant un spa, des hammams, et des espaces de soins et de détente. Avec sa nouvelle direction, La Mamounia continue de renforcer sa position comme l’un des hôtels les plus prestigieux au monde. Grâce au soutien financier et stratégique d’OCP, l’hôtel sera en mesure de poursuivre son développement et de maintenir ses standards d’excellence.

Histoire de La Mamounia. Un voyage à travers le temps

XVIIIe Siècle : le début d’une légende
L’histoire de La Mamounia commence au XVIIIe siècle lorsqu’un magnifique verger de 13 hectares est offert en cadeau de mariage par le Sultan Mohammed Ben Abdallah à son fils, le prince Al Mamoun. Ce dernier transforme ce domaine en un lieu de plaisance réputé pour ses somptueuses garden-parties, connues sous le nom de «nzaha».

XXe Siècle : la naissance d’un palais
Deux siècles plus tard, la Compagnie des chemins de fer du Maroc décide de bâtir un hôtel sur ce site exceptionnel. Les architectes français Henri Prost et Antoine Marchisio érigent une construction mêlant les codes de l’architecture marocaine traditionnelle à ceux de l’Art Déco. La Mamounia ouvre ses portes en 1923, symbolisant l’union entre le confort occidental et le faste oriental.

Années 1930-1950 : un lieu de prédilection pour artistes et politiciens
Dans les années 1930, La Mamounia devient le refuge hivernal de Winston Churchill, qui y trouve l’inspiration pour ses aquarelles. Il y séjourne régulièrement, contribuant à la renommée internationale de l’hôtel. En 1946, après une importante rénovation dirigée par le peintre Jacques Majorelle, l’hôtel s’agrandit et propose désormais une centaine de chambres.
Les années 1950 voient La Mamounia accueillir des célébrités du cinéma et de la politique, attirées par la beauté et l’histoire de l’hôtel. Alfred Hitchcock y tourne des scènes de son film «L’Homme qui en savait trop», renforçant ainsi l’attrait de l’hôtel pour les stars du cinéma mondial.

Années 1960-1980 : une icône de Marrakech
Pendant les années 1960, Marrakech devient une destination prisée par les artistes et intellectuels européens. La Mamounia, adoptée par la gentry européenne dès ses débuts, accueille des personnalités comme Charlie Chaplin, Marcello Mastroianni et Yves Saint Laurent. L’hôtel continue de cultiver son image d’oasis de luxe et de tranquillité, attirant les personnalités en quête d’authenticité et de raffinement.

Années 2000 : la renaissance
En 2023, La Mamounia a célébré son centenaire, marquant 100 ans d’excellence et de prestige dans l’hôtellerie mondiale. Pour honorer cet anniversaire, l’hôtel a subi une rénovation spectaculaire, débutée en 2020 sous la direction du duo d’architectes Patrick Jouin et Sanjit Manku. Ce projet de transformation, réalisé en deux phases, a permis de sublimer les espaces publics tout en respectant l’âme historique du lieu.
La première phase des travaux, achevée en 2020, a renouvelé les restaurants, les bars et les salons de thé, enrichissant ainsi l’offre gastronomique de l’hôtel. La deuxième phase, finalisée en 2023, a métamorphosé des espaces emblématiques tels que la réception, la Galerie Mamounia, et le Chandelier du Centenaire. Ce dernier, véritable bijou de la «Grande Dame», est une sculpture lumineuse inspirée des bijoux traditionnels berbères, créant une atmosphère magique dès l’entrée
Le Salon d’honneur a également été réinventé pour devenir un petit musée dédié à l’histoire de La Mamounia, avec une «Wall of Fame» exposant les personnalités illustres ayant séjourné à l’hôtel, ainsi que des vitrines présentant des livres d’or et des dessins.
Ces rénovations ont non seulement modernisé l’hôtel, mais ont aussi renforcé son statut d’icône intemporelle de Marrakech, prête à écrire de nouvelles pages pour les cent prochaines années tout en continuant à offrir une expérience de luxe inégalée à ses visiteurs du monde entier.

Les Jardins de La Mamounia, un havre de paix
Les jardins de La Mamounia, cœur de son histoire, restent un lieu de paix et de beauté. Ce havre de verdure abrite une grande variété de plantes, des oliviers centenaires aux bougainvilliers, offrant un cadre idyllique pour les promenades et la détente. Les visiteurs peuvent y admirer les espèces végétales tout en profitant de vues imprenables sur la Koutoubia et les montagnes de l’Atlas.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO

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