Maroc

L’échec de l’école, première cause

Les dégâts de l’échec du système éducatif marocain influencent les conditions de vie des populations au Maroc. Telle est la principale conclusion d’une nouvelle étude du CESEM, centre de recherches de HEM.

On s’en doutait; aujourd’hui, une nouvelle étude le confirme avec des données actualisées. «L’éducation est un facteur déterminant de la pauvreté multidimensionnelle», concluent les auteurs d’une nouvelle étude réalisée par le CESEM, centre de recherches d’HEM. Sanaa Cheddadi et Abdelouahab Idelhadj, professeurs universitaires à l’Université Abdelmalek Essaadi (Tétouan), ont  mesuré la pauvreté multidimensionnelle dans les régions du royaume. Une première au Maroc. L’indice de pauvreté proposé se réfère à trois dimensions (éducation, santé et conditions de vie), et mobilise les données de l’enquête nationale sur la population et la santé familiale de 2011 (15.343 ménages). «Nos résultats montrent, d’une part, qu’il existe d’importantes disparités entre les régions en termes de pauvreté et, d’autre part, par rapport aux autres dimensions», constatent les deux chercheurs.

La situation s’aggrave
Dans cette étude, les auteurs ont calculé la pauvreté multidimensionnelle, selon le nouveau découpage régional. «Nous avons montré que sur le plan national, la pauvreté multidimensionnelle a baissé entre 2004 et 2007, avant de commencer à augmenter dès 2011», notent les deux auteurs. L’étude montre aussi une grande disparité entre les régions en termes de pauvreté. Les calculs des auteurs montrent que la pauvreté multidimensionnelle progresse depuis 2011. En 2004, l’IPM était de 0,139; ce dernier a baissé en 2007 à 0,048, avant de reprendre un rythme à la hausse pour se situer en 2011 à 0,069. Une situation expliquée par l’augmentation du taux de personnes en pauvreté multidimensionnelle, passant de 12,7 à 15,7%. Le deuxième apport de cette étude réside dans le fait qu’elle a permis de décomposer les facteurs de la pauvreté. «Les résultats montrent que la privation de l’éducation le principal contributeur à la pauvreté sur le plan national comme régional», (voir graphique). La contribution de la privation de l’éducation dans le calcul de la pauvreté est majeur (45%), suivi des conditions d’habitat (33%) et enfin l’accès à la santé (22%). Dans la catégorie de la population vulnérable, la privation de l’éducation contribue à hauteur de 55% dans la composition de la situation économique de ces personnes. Ces conclusions se trouvent confortées par les données présentes dans le Rapport sur le développement humain 2015. Le document de référence du PNUD a montré que l’Indice du développement humain (IDH) du royaume perd 45,8%, «largement à cause de l’inégalité dans l’accès à l’éducation, avant même l’inégalité des revenus (23%) et l’accès à la santé (16,8%)». Les auteurs alertent sur le risque pour les populations vulnérables de se retrouver réduites à la pauvreté à cause de l’effort des familles pour permettre aux enfants d’accéder au système éducatif. Un risque réel, au vu des frais de scolarité nécessaires pour l’accès au système privé.

Les régions vulnérables
Cette étude a permis de montrer le niveau de pauvreté multidimensionnelle dans les régions. Les régions les plus vulnérables sont Marrakech-Safi (15,1%), Tanger-Tétouan-Al Hoceima (14,6%), l’Oriental (14,3%), Fès-Meknès (13,9%), Souss-Massa (12,5%), Rabat-Salé-Kénitra (11,9%), Béni Mellal-Khénifra (11,3%), Casablanca-Settat (10,7%) et Drâa-Tafilalet (10,4%). Les provinces du Sud connaissent les plus faibles taux de vulnérabilité avec une moyenne de 8,3%. L’examen de la composition de vulnérabilité montre qu’à l’exception de Drâa-Tafilalet, où les conditions d’habitat est le principal facteur de vulnérabilité, l’éducation est le facteur majeur de vulnérabilité dans les régions. En se référant à ces conclusions, les auteurs recommandent «fortement» de poursuivre une politique de lutte contre la pauvreté, ciblant de manière spécifique l’amélioration de l’accès à l’éducation.


Driss Ksikes
Directeur du CESEM et de la revue Economia

Le mal du Maroc provient de la saturation de l’espace productif, quasi-monopolisé par les plus gros – souvent indifférents aux plus petits –, surpeuplé d’intermédiaires qui renchérissent les coûts et les services, et empêchent une politique saine de redistribution. Cela favorise plein de dysfonctionnements, allant de la corruption au népotisme et au clientélisme, en passant par les bas calculs corporatistes. Tout y contribue pour nous éloigner d’une réelle concurrence et d’une régulation raisonnée.


Définition

L’indice de la pauvreté multidimensionnelle (IPM) a été développé à l’Université d’Oxford en 2010 par Sabina Alkire et Maria Emma Santos (Oxford Poverty & Human Development Initiative).
L’IMP a été utilisé par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) pour son Rapport sur le développement humain en 2010.
Cette approche de la mesure de la pauvreté se base sur dix indicateurs, d’où son caractère «multidimensionnel» : la mortalité infantile, la nutrition, les années de scolarité, la sortie de l’école, l’électricité, l’eau potable, les sanitaires,
   le sol de l’habitat, le combustible utilisé pour cuisiner et les biens mobiliers.


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