Maroc

Fès-Meknès : Le Plan de développement de l’artisanat sous la loupe

Avant la mise en place du PDRA pour la région de Fès-Meknès, le secteur de l’artisanat a fait face à des difficultés énormes. Le secteur est considéré par les chercheurs experts en ce domaine en «état de crise structurelle». Production et commercialisation des mono-artisans, appui à la restructuration des PME et réalisation de mesures transversales… focus sur ce qui a changé avec ce plan.

Depuis son lancement en 2007, le Plan de développement régional de l’artisanat (PDRA) a constitué une feuille de route et a contribué au développement de ce secteur qui occupe une place de choix dans la région. Aujourd’hui, l’heure est au bilan. Ainsi, depuis le lancement du PDRA, plusieurs projets ont pu voir le jour. Le programme a réussi à mettre en place un nouveau marché des peaux pour tannage à Ain Nokbi avec une enveloppe de 12,5 MDH, réalisés sur une superficie de 1 hectare. A cela s’ajoute la réalisation et la valorisation de la zone d’activité d’Ain Nokbi avec une enveloppe de 174 MDH. Cette dernière a permis de regrouper les dinandiers opérant dans la médina de Fès, améliorer leurs conditions de travail et leurs revenus. La plan a permis aussi la valorisation de la zone d’activité de Benjellik pour les potiers-zelligeurs de la ville pour une enveloppe de 183 MDH. Ces derniers ont été équipés de fours à gaz avec une enveloppe de plus de 34 MDH.

Le PDRA de la région s’est également penché sur le renforcement des capacités économiques et l’amélioration des conditions de travail des artisans tanneurs en partenariat l’INDH avec un budget de 9,88 MDH. Le programme a renforcé la participation des artisans aux foires internationales et à des salons professionnels internationaux avec des voyages de prospection pour des acheteurs (4,2 MDH), en plus de l’organisation de foires régionales afin de promouvoir le produit artisanat de la région auprès des acheteurs nationaux (2,8 MDH). Dès sa signature, le PRDA s’est fixé comme objectifs un chiffre d’affaires sur le marché de l’export de 181 MDH, soit une augmentation d’environ 500 % par rapport à 2006. Ila aussi visé un chiffre d’affaires sur le marché des touristes de 300 MDH, en augmentation de près de 100 % par rapport à 2006 et un chiffre d’affaires consolidé de l’artisanat de la région de 2 668 MDH, soit une progression de 10 % par rapport à 2006. Il a aussi come objectif d’atteindre un nombre global des emplois permanents au niveau des acteurs de production de près de 24 500, soit non une croissance des effectifs d’environ 20 %. Pour le moment , aucune information sur le taux de réalisation de ces objectifs n’est disponible.Le PDRA de la région avait également pour objectif de faire de la ville de Fès une locomotive pour le développement national du secteur de l’artisanat, et ce en ciblant les produits à fort contenu culturel et en exploitant les atouts exceptionnels de la médina de Fès. Il retient comme concept différenciateur : «Fès, Capitale des arts traditionnels et Vitrine de l’excellence de l’artisanat marocain».

Au niveau du contrat d’application du Programme de Développement Régional Touristique (PDRT), les parties concernées ont retenu le chapitre intitulé «offre en artisanat dans la médina» parmi les composantes de l’axe « produit » œuvrant pour l’atteinte des objectifs fixés dans le contrat. Elles y ont intégré une série d’articles, et par conséquent de projets, portant sur l’accroissement du trafic des touristes dans les circuits de vente existants des produits de l’artisanat, l’augmentation de la surface de contact des mono-artisans avec les clients, la promotion et la facilitation des transactions d’achat. Le programme de promotion de la région prévoit également l’organisation de voyages de presse et d’évènements sur l’artisanat de la région (15,2 MDH). Il est aussi question de mettre en place d’un label pour l’Artisanat de la Région afin de donner un rayonnement particulier à ses produits (1 MDH) et l’accompagnement commercial et promotion des marques collectives (1,5 MDH).

Multiples contraintes
Avant la mise en place du PDRA pour la région de Fès-Meknès, le secteur de l’artisanat a fait face à plusieurs difficultés. Il s’agit de problèmes lies aux produits et à la production, des conditions de production des mono-artisans qui ne sont pas optimales, en particulier, pour ceux travaillant dans la médina de Fès. S’agissant des besoins et attentes des clients, le constat est que ces derniers ne sont pas pris en compte dans la réalisation des produits, surtout en matière de design et de standards de qualité. Quant au tissu des PME, il a été insuffisant pour offrir des possibilités élargies de sous-traitance et pour développer une offre des produits de l’artisanat, capable d’adresser la demande. Du côté de la commercialisation, celle-ci a souffert d’insuffisances qui entravent l’exploitation d’un potentiel de chiffre d’affaires important. En effet, les limites des structures locales de commercialisation des produits de l’artisanat génèrent une insuffisance du contact avec les touristes et induisent une sous-exploitation du potentiel qu’ils constituent. Pour les marchés de l’export et national, les circuits de commercialisation demeurent peu développés. Malgré les limites, la région dispose d’avantages concurrentiels certains, avec un patrimoine culturel et un savoir-faire reconnus, une image de marque des produits de l’artisanat globalement satisfaisant et un tissu de production en place pouvant assurer des coûts de revient relativement contenus pour faire face à la concurrence internationale et nationale portant, en particulier, sur les produits de moyenne et de haute gamme.


L’artisanat, premier employeur

Cela dit, il faut rappeler que le secteur est le premier pourvoyeur d’emplois dans la région puisqu’il y génère des revenus pour plus de 105.100 artisans. À Fès, le secteur de l’artisanat fait vivre plus de 260.000 personnes, soit 27% des habitants de l’ancienne médina. Le chiffre d’affaires de cette activité s’élève à plus de 4 MM DH, soit 47% des exportations marocaines du secteur. En totalité, la région compte 38.045 entreprises et coopératives d’artisanat, et pas moins de 376 organisations professionnelles. Pour encourager ce secteur, les responsables de la région ont programmé dernièrement 22 projets d’une valeur de 443 MDH. Ces projets doivent être réalisés entre 2018 et 2020.



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