Un nouveau décret autorise l’Agence nationale d’évaluation de l’enseignement supérieur à instaurer une nouvelle grille pour l’évaluation du rendement des établissements d’enseignement supérieur.
Le gendarme de l’évaluation de l’enseignement supérieur se dote d’un nouveau cadre plus exhaustif pour mener les missions qui découlent de son statut en tant qu’organe qui veille à la qualité du cursus universitaire. À quelques semaines de la rentrée, un nouveau décret vient d’entrer en vigueur en vue de permettre à l’agence d’intervenir selon de nouvelles modalités visant à apporter plus de garanties quant à l’efficience des méthodes et du contenu de l’enseignement dispensé pour l’ensemble des branches faisant partie de la formation supérieure. Concrètement, ce sont les missions qui découlent de la loi 80-12 qui sont concernées par le décret approuvé avec plusieurs normes qui devront être appliquées lors des visites des établissements.
L’employabilité mesurée
La nouvelle réglementation exige des établissements de se doter d’observatoires qui «analysent les bassins de recrutement potentiels et qui mesurent le degré de compatibilité des formations avec l’environnement socioprofessionnel», indique la liste des références qui devront entrer en vigueur en matière d’évaluation. Des sondages devront également se réaliser pour tirer les conclusions qui s’imposent pour améliorer le seuil d’insertion des lauréats. Au niveau régional, le décret incite les établissements de formation et les associations professionnelles à redoubler d’efforts pour activer les plateformes d’enseignement et de recherche «et d’assurer une participation efficiente aux initiatives régionales et locales», indique le décret.
Concernant la représentativité des étudiants, la prise en compte de leur avis n’est plus facultative. Il s’agit de «gérer les affaires des étudiants selon des procédures claires et transparentes», précise le décret qui impose une forte coordination entre le service des affaires estudiantines et le service pédagogique «lors des opérations de présélection et d’enregistrement ainsi que pour la gestion des examens et l’annonce des résultats», soulignent les nouvelles mesures qui devront être étroitement surveillées par l’agence lors de son évaluation des établissements.
Pour le suivi de l’employabilité des lauréats, les établissements doivent impérativement disposer de «cellules d’interface chargées d’assister les lauréats en matière d’intégration professionnelle et de conclure des conventions pour l’accueil des stagiaires». La même rigueur devra être de mise pour le suivi des indicateurs de la recherche scientifique. Pour avoir plus de visibilité sur les efforts déployés par les établissements d’enseignement supérieur, la nouvelle grille d’évaluation exige des établissements de mener un contrôle périodique des infrastructures dédiées à la recherche scientifique qui sera un facteur déterminant dans le renouvellement des accréditations. Des structures exclusivement dédiées à la «valorisation des résultats de la recherche scientifique en plaçant «la dimension entrepreneuriale dans la recherche», souligne la nouvelle grille d’évaluation qui sera appliquée durant la prochaine rentrée et qui exige également que l’ensemble des établissements disposent de mécanismes de pilotage et de suivi de la recherche scientifique.
Les principales nouveautés
L’avenant qui a été préparé place le mode de gouvernance des instituts supérieurs en tête de liste des critères. Il s’agit essentiellement de l’obligation de se doter d’une charte des valeurs et des modalités de son application ainsi que de la formulation «d’une vision précise qui reflète les objectifs de la charte». Au niveau de la gestion financière, l’audit de performance concerne aussi l’évaluation des infrastructures et des équipements des établissements et leurs programmes d’entretien. L’ensemble des instituts devront surtout avoir des procédures unifiées et des tableaux de bord de suivi de leurs budgets avec la possibilité de mettre en place des mécanismes d’amélioration des ressources propres. Les auditeurs peuvent aussi mesurer le degré d’homogénéité de la charte des valeurs des établissements avec la vision stratégique de la réforme et l’exigence de tracer un plan d’action pluriannuel et réserver des dotations pour le renforcement des effectifs chargés de l’évaluation. Le pilotage stratégique des instituts supérieurs d’enseignement sera donc le prélude de l’application de l’ensemble des procédures via des correctifs qui peuvent être apportés «dans le cas de dysfonctionnements ou de non adéquation entre les moyens et les objectifs tracés», souligne le décret relatif aux normes d’évaluation. S’agissant du corps enseignant, la nouvelle réglementation exige des plans prévisionnels de gestion des carrières ainsi que la finalisation de plans de formation pour ses ressources humaines.