Maroc

Dysfonctionnements de l’enseignement : La réforme est possible selon Hassad

«La réforme du secteur de l’enseignement est possible et faisable». En tout cas, c’est la conviction affichée par Mohamed Hassad dans la première conférence de presse qu’il vient d’organiser en tant que chef du département de l’Enseignement. En dépit des maux qui gangrènent le secteur et écornent son image auprès des parents, le responsable gouvernemental se dit confiant. La recette de la réforme n’est pas visiblement magique.

Le ministre de l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieure et de la recherche scientifique, Mohammed Hassad réussira-t-il là où ses prédécesseurs ont échoué ? Très attendue, sa première conférence de presse a été marquée par bon nombre de messages positifs.

En effet, le responsable gouvernemental affiche la mine des grands jours. Pourtant, plusieurs maux semblent éternels et minent le secteur au point que la Banque mondiale a souligné, dans son dernier mémorandum, que le Maroc avait besoin d’un «miracle éducatif». L’expression est très forte et résume les dysfonctionnements du secteur ainsi que le retard enregistré en la matière à tous les niveaux. Le responsable gouvernemental pourra-t-il réaliser ce miracle éducatif ? Interrogé à ce titre par Les Inspirations ÉCO, Hassad se veut rassurant et optimiste tout en appelant à éviter les «exagérations». Après quatre mois de la prise de ses nouvelles fonctions et de multiples visites sur le terrain, le ministre estime que la réforme est possible et qu’il s’avère nécessaire de simplifier les problématiques, même les plus complexes d’entre elles. «Nous sommes capables de réaliser la réforme en mettant en place les bonnes conditions de travail pour les enseignants et les élèves, en travaillant sur les programmes et la formation, en mobilisant les enseignants…», précise-t-il. Tout au long de sa rencontre avec la presse, il a appelé, à plusieurs reprises, à éviter les accusations généralisées qui ne reposent sur aucun fondement ainsi que les préjugés qui écornent l’image de l’enseignement public.

D’ailleurs, le ministre de l’Éducation nationale affiche sa fierté de son passage dans l’enseignement public marocain : «J’ai passé les trois premières années de ma scolarité en milieu rural à Tafraout dans des classes à niveaux multiples». À en croire Hassad, le potentiel en matière de ressources humaines est prometteur et il faut juste procéder à des réajustements. Il balaie d’un revers de la main les critiques sur la qualité de l’enseignement qui sera dispensé par les 24.000 contractuels qui ont déjà été sélectionnés parmi plus de 135.000 candidats et qui ont suivi une petite formation qui sera renforcée par d’autres tout au long de l’année. Mieux encore, une grande partie de ces enseignants font partie de ceux qui ont déjà exercé dans le cadre de l’enseignement informel ou des lauréats du programme 10.000 enseignants qui ont suivi une année de formation dans les centres publics spécialisés, comme tient à relever le secrétaire d’État à l’enseignement supérieur, Khalid Samadi. Des questions demeurent encore en suspens : le ministère de l’Éducation nationale va-t-il abandonner le système de recrutement et recourir systématiquement à la contractualisation?

À cet égard, Hassad est, on ne peut plus, clair : les contractuels ne vont pas tous partir à la fin de leurs contrats et à l’instar des salariés des établissements publics, les AREF vont exercer leurs prérogatives en la matière. Quid de la stratégie et des mesures prises par son prédécesseur pour réformer le secteur? À ce titre, le responsable gouvernemental est on ne peut plus franc et ses allusions aux choix de Belmokhtar sont à peine voilées. Il précise que sa méthodologie est différente et qu’il préfère se fixer cinq objectifs concrets et réalisables pour éviter la déperdition du temps et des efforts. Les classes pilotes sont citées comme exemple. Alors que Belmokhtar optait pour cette mesure, Hassad n’est pas convaincu de son efficacité. Il faut, selon lui, écouter les professionnels partout au Maroc pour faire le point et opérer des réajustements au niveau de tous les établissements scolaires au lieu de perdre des années dans l’expérimentation. Il est clair que dès sa nomination en tant que ministre de l’Éducation nationale, Hassad n’opte pas pour la continuité comme en témoigne l’annulation de plusieurs décisions de son prédécesseur. La différence de la vision est claire.

D’ailleurs, cette rentrée scolaire est sous le signe de la rupture ; du moins en ce qui concerne la limitation du fléau décrié de l’encombrement des classes (+de 92% des classes de la première année du primaire ont moins de 34 élèves et 99% des classes des autres niveaux ont moins de 44 élèves) et la mise à niveau des établissements et l’amélioration des infrastructures scolaires. Des mesures accessoires? Plusieurs voix appellent plutôt à s’attaquer à des problèmes de fond au lieu de commencer avec des mesurettes. Des critiques acerbes que Hassad tient à réfuter en soulignant que ce sont des actions fondamentales pour permettre aussi bien à l’enseignant qu’à l’élève d’évoluer dans un environnement sain qui permet un enseignement de qualité ; «le principal enjeu».

Les priorités portent sur l’accélération de la cadence, l’amélioration du modèle pédagogique et son réajustement, l’amélioration des infrastructures d’accueil, la discipline du corps enseignant. Les premiers signes sont positifs, selon le ministre de tutelle malgré les critiques. Hassad s’assigne pour objectif d’améliorer l’enseignement des langues à commencer par l’arabe avec une nouvelle approche. À cela s’ajoutent de nouvelles mesures, comme l’ouverture de l’option de l’enseignement internationale dans les collèges au profit de 5% des élèves, le développement des passerelles au niveau de la formation professionnelle et entre l’enseignement général supérieur et la formation professionnelle… 


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