Maroc

Denrées alimentaires : réduction de la pression sur le poste “dépenses alimentaires” en perspective

À quoi les ménages devraient-ils s’attendre pour le poste de charges «dépenses alimentaires», au vu des anticipations de l’indice FAO des produits alimentaires ? Détails.

Les prix des produits alimentaires vont connaître une légère baisse dans les mois à venir, si les prévisions du FAO et de Bank Al-Maghrib s’avèrent justes, et si une autre crise ne nous tombe pas sur la tête entre temps, comme on commence à s’y habituer : crise sanitaire, guerre en Ukraine, rupture des chaînes d’approvisionnement, crise alimentaire, inflation, crise de l’endettement, hausse des taux d’intérêt… De quoi réduire un peu la pression sur le poste «dépenses alimentaires» des ménages. Croisons donc les doigts !

Selon l’indice FAO, variable sur laquelle Bank Al-Maghrib fonde ses anticipations, les cours des denrées alimentaires devraient terminer l’année sur une progression de 14,6%, puis diminuer de 9,4% en 2023, avant de connaître une nouvelle baisse un peu moins forte (-1,4%) en 2024. Soulignons que l’indice FAO a, pour le deuxième mois consécutif, stagné en novembre, après avoir enregistré des baisses continues d’avril à septembre, dues, notamment, à l’accord sur les exportations de céréales ukrainiennes.

Cependant, les cours des produits alimentaires resteraient, en moyenne, à des niveaux élevés en 2023 en raison de la persistance des pressions sur l’offre mondiale et de la hausse des coûts des intrants. À propos d’intrants, selon les projections de la Banque mondiale du mois d’octobre, le cours du phosphate brut, après une envolée de +119,5% cette année (à 270 dollars la tonne), devrait baisser à 200 dollars en 2023 et à 175 dollars en 2024.

De même, le cours des engrais de phosphate diammonium (DAP) devrait, de son côté, s’établir à 790 dollars en 2022, en hausse de 31,4%, avant de se replier à 750 dollars en 2023, puis à 650 dollars en 2024. Mais il faudra compter avec les effets du stress hydrique et la persistance de fortes incertitudes, en liaison avec le prolongement de la guerre en Ukraine et des tensions géopolitiques, lesquels risquent de maintenir les coûts de l’énergie et des prix des produits alimentaires à des niveaux élevés. Dans ces conditions, le niveau encore élevé des prix des matières premières alimentaires et énergétiques, et la progression de l’inflation importée, continueront de peser sur l’évolution des prix à la consommation durant la première moitié de 2023.

 Évolution récente de l’inflation des produits alimentaires
En ligne avec les replis successifs des cours internationaux des denrées alimentaires, les prix des produits alimentaires inclus dans l’Indice des prix à la consommation (IPC) ont vu leur rythme d’accroissement ralentir à 13,5% en octobre après 13,8% au troisième trimestre, tirés par la décélération des prix des «produits à base de céréales» (de 14,6% à 11%) et des «céréales non transformées» (de 31,9% à 25,7%). Selon l’IPC de novembre 2022, que vient de publier le HCP, les prix à la consommation des produits alimentaires ont connu une hausse de 0,4%. Dans le détail, le HCP souligne que «les hausses des produits alimentaires – observées entre octobre et novembre

2022 – concernent principalement les «Huiles et graisses» (+4,4%), le «Lait, fromage et œufs» (+1,1%), les Légumes (+0,9%), le «Sucre, confiture, miel, chocolat et confiserie» (+0,3%),  le «Pain et céréales» et le «Café, thé et cacao» (+0,2%). En revanche, les prix ont diminué de 3,8% pour les Fruits, de 0,8% pour les Poissons et fruits de mer et de 0,3% pour les Viandes».

Campagne agricole : une récolte moyenne retenue pour 2022/2023
Pour la campagne 2022-2023, le rapport de BAM table sur un rythme de progression des activités agricoles qui devrait connaître une hausse de 7% en 2023, au lieu de 11,9% prévu dans l’exercice précédent, sous l’hypothèse, notamment, d’une production céréalière moyenne de 75 MQx.

Toutefois, ces prévisions sont assujetties à des risques baissiers compte tenu de la situation hydrique actuelle jugée inquiétante, marquée par un retard des précipitations et un taux de remplissage des barrages extrêmement bas. Rappelons que la campagne agricole 2021-2022 a connu des conditions climatiques défavorables. Ainsi, la récolte céréalière définitive s’est établie, selon le Département de l’Agriculture, à 34 millions de quintaux (MQx), en baisse de 67% par rapport à la campagne précédente.

Pour les cultures hors céréales, la production a augmenté de 14% pour les agrumes et de 21% pour les olives et a, en revanche, diminué de 21% pour les cultures sucrières et de 13% pour les légumineuses. Le Département de l’Agriculture a également fait état d’une contre-performance du secteur de l’élevage avec une décapitalisation du cheptel laitier, le repli des productions de lait et de miel de 11% et de 10%, respectivement, ainsi qu’une stagnation de celle de la viande blanche. Tenant compte de ces évolutions, le recul de la valeur ajoutée agricole pour 2022 s’est légèrement accentué à 15% au lieu de 14,7% retenu en septembre.

Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO


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