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Produits bio : Le Maroc peaufine ses normes légales

Les professionnels du bio veulent accélérer la cadence pour être prêts à mieux se positionner sur le marché UE. Ils veulent garder une certaine «distance» avec le ministère de la Santé pour éviter les lourdeurs liées à l’étiquetage.

Il y a beaucoup d’ignorance encore autour des produits bio et leur relations avec le beldi ou encore les produits naturels. En clair, les produits bio ne peuvent être assimilés à ces derniers. Ils répondent à des critères de productions stricts sous forme de cahiers des charges avec des ingrédients précis et un étiquetage approprié. Il y a donc un grand besoin de sensibilisation à ce propos auprès de la population cible (classe moyenne et couches aisées) car le bio n’est pas accessible à tout le monde, ne serait-ce que pour son prix. Il s’agit donc d’une niche qui suit l’évolution de la société, son évolution peut même être un baromètre de niveau de vie et du degré de prise de conscience sanitaire parmi la population.

Au Maroc, les premières expériences de production et de commercialisation des produits bio ont commencé dans les années 1980. Il s’agissait d’initiatives individuelles dans les régions de Marrakech, Settat ou encore Benslimane. Grâce à la bonne volonté d’un groupe de chercheurs et quelques coopératives qui avaient en tête d’exporter leur production, l’aventure a commencé. Il a fallu attendre janvier 2013 pour avoir un texte législatif qui encadre l’agriculture bio à travers la loi 39.12. Cette loi, de 34 articles, a quatre objectifs principaux. Primo, encourager la valorisation des produits agricoles et aquatiques ainsi que celle des produits de la cueillette ou du ramassage des espèces de la flore sauvage. Secundo, contribuer au développement durable à travers l’amélioration des revenus des producteurs intéressés par le mode de production biologique. Tertio, participer à la conservation de l’environnement et à la préservation de la biodiversité. Et enfin répondre à la demande du consommateur en lui garantissant une qualité spécifique aux produits agricoles et aquatiques issus du mode de production biologique. Aujourd’hui, l’on trouve des étalages de produits bio presque partout au Maroc que ce soit dans des magasins spécialisés ou dans les grandes surfaces, mais pour qu’il y ait l’engouement espéré par les producteurs et distributeurs de ces produits, il va falloir passer à la vitesse supérieure. Selon Slim Kabbaj, qui intervenait la semaine dernière lors d’une conférence à Rabat sur les enjeux des produits bio, presque tous les prérequis pour une filière à part entière sont là.

Cet opérateur dans diverses filières bio et de bien-être et dans la distribution, a affirmé que le logo «Maroc bio» ainsi que l’arsenal juridique ayant trait aux produits bio seront prêts vers la fin de l’année 2017, mais il reste encore une pièce manquante pour donner toute sa portée aux produits bio, à savoir l’équivalence avec les standards européens pour avoir un marché à l’export. Contrairement à un pays comme la Tunisie qui dispose de l’équivalence pour les produits bio depuis plus de 6 ans, le Maroc traîne les pieds. Certains freins persistent en effet comme celui de l’ étiquetage.

Ainsi les produits bio qui portent des informations nutritionnelles sont considérées comme des allégations médicales qui nécessite autorisation de la part du ministère de la Santé. Les thés, les huiles, les sucres, les sels, les pâtes, les farines… Les huiles essentielles, les compléments alimentaires, les cosmétiques représentent également des secteurs où les questionnements sont multiples en termes de contrôle et de besoin de mise à jour de la réglementation. Les professionnels concernés appellent de leurs vœux aujourd’hui une adaptation de la règlementation pour accompagner les évolutions de l’offre et de la demande du consommateur. Ils veulent surtout que le ministère de la Santé lâche du lest au profit de l’ONSSA qui fait pratiquement le même travail de contrôle. Le fait que le Maroc tarde à donner toute son importance au bio est considéré comme un vrai gâchis si l’on sait que le marché des produits bio en France réalise 7 milliards d’euros de chiffres d’affaires avec une évolution annuelle de 22%. Pour l’expert international, Benoît Soury, le Maroc a plusieurs cordes à son arc et peut bien se positionner sur le marché européen. Soury qui connaît le marché du bio, sous sa casquette de président de plusieurs sociétés de produits bio et aussi vice-président du Medef région Rhône-Alpes estime que le Maroc peut faire mieux que l’Espagne dont les produits agricoles n’ont pas autant la cote dans l’espace européen. Le Maroc a l’avantage d’être considéré comme un pays où l’agriculture est la moins consommatrice en fertilisants et pesticides.

Dans cette configuration, le pays est encore plus bio que la France ou l’Espagne. S’ajoute à cela l’existence de produits du terroir, non altérés par les ajouts et les altérations des OGMs, comme l’argon, l’huile d’olive, les dates, entre autres, mais pour avoir une masse critique exportable, Soury prône des actions communes émanant d’initiatives individuelles qui pourront par la suite être mises à la disposition du gouvernement. Quelques résultats sont déjà visibles. Les points de vente bio dans le monde offrent aujourd’hui de plus en plus d’huile d’argan, de safran, de ghassoul, de savon noir et de henné en provenance du Maroc.  


Le bio, un alicament ?

Les professionnels du bio font le lien entre la propagation des maladies cancéreuses, principalement le cancer du sein chez la femme et celui de la prostate chez l’homme avec les produits agricoles consommés qui contiennent des taux élevés de pesticides et de fertilisants. S’y ajoute aussi l’exacerbation des maladies auto-immunes avec leurs corollaires en dépenses de santé. Les produits bio, que ce soit dans les produits de consommation, de cosmétiques ou de bien-être sont ainsi défendus comme des alicaments naturels.  



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