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Coronavirus: faut-il craindre une pénurie de médicaments ?

Les États-Unis ont annoncé une pénurie de médicaments suite à un arrêt de production en Chine, à cause du coronavirus. En Europe, les craintes autour du sujet se font de plus en plus grandes. Qu’en est-il du Maroc qui, à son tour, importe une bonne partie des matières premières nécessaires à la fabrication de ses médicaments depuis la Chine?

Avec les fermetures des usines chinoises, l’approvisionnement en matières premières est devenu de plus en plus compliqué. Des retards de livraison ont même été enregistrés, apprend-on.

Malgré cela, «il n’a y a pas lieu de s’inquiéter», rassure Ali Sedrati, président de l’Association marocaine de l’industrie pharmaceutique (AMIP).

«Il n’y a pas encore d’impact sur l’approvisionnement en médicaments car la réglementation nationale, qui est respectée par plus de 99% des laboratoires (en dehors des cas indépendants de la volonté des opérateurs), impose au moins trois mois de stock de sécurité. Au Maroc, on parle du coronavirus depuis quelques semaines à peine», explique Sedrati.

Dans une lettre adressée aux opérateurs, le ministère de la Santé a demandé à ces derniers «de constituer un stock de sécurité pour couvrir les besoins du marché marocain en médicaments, produits finis et en matières premières pharmaceutiques nécessaires à la fabrication des médicaments».

Le ministère a également demandé de lui communiquer l’état mensuel du stock de sécurité de produits finis et matières premières. Il a insisté sur les médicaments et matières premières dont le stock de sécurité est critique.

Par ailleurs, le département de Khalid Aït Taleb a demandé aux laboratoires pharmaceutiques de trouver de nouveaux fournisseurs, le but étant de diversifier les sources d’approvisionnement en substances actives pharmaceutiques.

Cela dit, le Maroc est logé à la même enseigne que les autres pays. En effet, le risque de pénurie des médicaments ne pèse pas seulement sur le marché national puisque la grande majorité des matières premières entrant dans la fabrication de médicaments est importée de Chine et d’Inde.

«Les États-Unis et l’Europe se posent la question de la possibilité de relocaliser la production de ces matières. En France, les autorités sanitaires et l’association Les Entreprises du médicament commencent à prendre conscience de la grande dépendance à l’Inde et plus encore à la Chine. Elles commencent à réfléchir aux mesures à prendre pour éviter cette dépendance car elles craignent un risque de rupture des médicaments suite à la fermeture des usines en Chine. C’est là que l’on voit l’importance de l’indépendance en matière de production des médicaments», souligne Sedrati.

Et d’ajouter: «nous avons la chance d’avoir une industrie pharmaceutique locale active depuis les années 1960. Cette dernière, il faut le reconnaître, maîtrise la technologie, s’approvisionne librement comme le font les laboratoires européens et américains et, surtout, assure la fabrication locale de beaucoup de médicaments essentiels à la santé des citoyens. Dans des situations où la pénurie d’approvisionnement des matières premières risque de toucher toutes les régions du monde, nous ressentons la même inquiétude», précise le président de l’AMIP.

Heureusement, au Maroc, le stock de sécurité incluant des matières premières se situe actuellement entre 3 et 6 mois. Les laboratoires souhaitent qu’avec l’arrivée des chaleurs, l’épidémie s’estompe pour éviter les effets de rupture.

«Nous pouvons, pour certains produits, nous approvisionner encore en Espagne, en Europe et même en Inde si ce dernier pays n’est pas aussi touché que la Chine par l’épidémie. Cela dit, l’industrie locale marocaine doit être préservée comme cela se fait actuellement en Algérie et en Tunisie», avertit le président de l’AMIP.

Il faut aussi noter qu’au Maroc, beaucoup d’opérateurs ont enregistré des médicaments concurrents à ceux importés, ce qui permet de sécuriser l’approvisionnement.

Quant à l’impact d’une éventuelle pénurie ou d’alternatives au marché chinois sur le prix des médicaments (localement produits ou importés), il faut rappeler qu’au Maroc, ce dernier est fixé par décret.

«Le poids de l’administration est plus présent au niveau du médicament fabriqué au Maroc car l’opérateur est obligé de maintenir le produit et ne peut pas changer son prix comme il le souhaite», note Sedrati.

Pour ce qui est du produit importé, l’entreprise pourra tout simplement arrêter son importation si les prix ne lui conviennent pas. Sur ce point, il faut rappeler que beaucoup de médicaments stratégiques sont importés au Maroc.


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