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Conjoncture : Le diagnostic de Jouahri

La flexibilité du taux de change, pas avant le second semestre 2017 ! C’est ce qu’a affirmé Abdelatif Jouahri, wali de BAM à l’issue du Conseil de la Banque centrale mardi dernier, affirmant qu’une campagne de communication précédera cette mise en œuvre. Jouahri estime qu’il est temps pour le Maroc de songer à une planification stratégique pour améliorer la manière dont le gouvernement mène les dépenses d’investissement.

Des révélations à la pelle, Abdelatif Jouahri comme à son accoutumée n’en perd pas une miette. Mardi dernier lors de la traditionnelle conférence de presse qui fait suite au Conseil de la Banque centrale, le wali de Bank Al-Maghrib a parlé de croissance, de crédits, de banque islamique, de gestion financière des dépenses de l’État, d’éducation…, avec toute la consistance, mais aussi la retenue que lui impose son poste. Toutefois, il s’est laissé, un tantinet, engager au sujet des banques participatives. Répondant à une question sur le délai de quatre mois que la loi impose à Bank Al-Maghrib (BAM) de respecter pour répondre aux demandes d’autorisation, Jouahri s’est fait un point d’honneur d’apporter les clarifications nécessaires. «Il ne faut pas croire que je vais répondre à chaque demande à part. Cela ne se passe pas de cette manière.

Il faut que toutes les demandes d’autorisations soient examinées et les dossiers dûment fournis pour livrer les autorisations», a-t-il expliqué. Et d’ajouter qu’à ce jour, il y a huit demandes d’autorisation sur la table. Par ailleurs, BAM, autant que le ministère des Finances, attendent le verdict du Conseil supérieur des Oulémas sur cinq produits participatifs. Déjà, deux produits ont été finalisés. Dans cette optique, BAM avait tenu une réunion sur les banques participatives, le 30 juin dernier à Casablanca. Jouahri a tonné qu’il n’accepterait aucune surenchère sur le caractère islamique de l’opération ni sur la prétendue existence de lobbies qui viseraient à retarder le lancement des banques participatives au Maroc. Revenant sur le sujet du mémorandum qui a défrayé la chronique mettant face-à-face BAM et le gouvernement Benkirane, Jouahri n’a pas voulu verser dans la polémique en période électorale.

En effet, les remarques fortes de BAM sur le rendement et l’efficacité de l’économie n’ont pas été suivies par une réaction gouvernementale. Mais le wali de BAM affirme que pour les dispositions du mémorandum liées aux banques, le suivi de ces dernières se fait régulièrement pour s’assurer qu’elles motivent le refus d’un dossier de crédit et donne l’information nécessaire aux clients. Sur un autre registre, celui des prix des carburants, Jouahri n’a pas ménagé les distributeurs des hydrocarbures, qu’il a accusés de ne pas répercuter la baisse du prix du baril sur celui à la pompe. La libéralisation aura donc plus profité aux distributeurs dans une totale indifférence du gouvernement, selon lui. Le wali de BAM a également décroché une flèche au gouvernement à propos de l’efficacité des dépenses d’investissement qui laisse à désirer. Il a donné l’exemple de l’éducation qui accapare 5% du PIB, «avec des résultats catastrophiques». «On dépense n’importe comment. Je n’ai eu de cesse de dire attention au gouffre financier», a-t-il souligné avant d’ajouter qu’il est aujourd’hui temps pour le Maroc de songer à une planification stratégique. Vient ensuite le sujet important de la flexibilité du taux de change. À ce propos et comme il l’a toujours soutenu, il faut y aller doucement, étant donné la situation des fondamentaux de l’économie marocaine.

Ainsi, l’application de la flexibilité n’est envisageable qu’à partir du 2e semestre de 2017. D’ici-là une campagne de communication vis-à-vis des différents intervenants sera menée au niveau du ministère des Finances, le secteur bancaire, les opérateurs économiques, la CGEM, etc. Rappelons que BAM et le ministère des Finances avaient décidé de fixer les pondérations des devises du panier de cotation du dirham à 60% pour l’euro et 40% pour le dollar US contre respectivement 80% et 20% auparavant. 


Faits marquants
Concernant l’emploi, le deuxième trimestre 2016 a été marqué par une perte nette de 26.000 postes. Cela reflète une baisse de 175.000 emplois agricoles et un gain de 70.000 emplois dans les services, 41.000 postes dans le BTP et 38.000 emplois dans l’industrie et l’artisanat.
Malgré la baisse des ventes des phosphates, les exportations devraient progresser de 2,3% en 2016 grâce à l’automobile. En 2017, les exportations croîtront de 3,2%.
Favorisées par la concurrence dans le secteur bancaire, les réductions du taux directeur depuis 2014 (75 points de base) se sont traduites par une baisse du taux directeur global de 79 points de base. Ce qui montre que les banques répercutent positivement la baisse du taux directeur sur leurs taux de crédit.
Les recettes de l’État devraient augmenter de 4,3% en 2016 et en 2017 tirées par les recettes fiscales (IR et IS), prévues en hausse de 5,6% cette année et de 3,5% l’année prochaine.
Si les recettes en dons CCG totalisent 8 MMDH en 2016 et 2017, le déficit budgétaire devrait représenter 3,8% du PIB cette année et s’alléger à 3,2% en 2017.
Selon les estimations de BAM, la dette du Trésor devrait atteindre 65% du PIB en 2016 avant de reculer à 64,1% en 2017.


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