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Ventes de véhicules neufs. 2021, année d’un rattrapage partiel

Le marché du neuf s’est achevé sur un volume de ventes élevé qui aurait pu atteindre des records s’il n’était pas impacté par les soucis de stock liés à la crise mondiale des semi-conducteurs. C’est en gros le principal enseignement que nous livre 2021, telle qu’elle a été vécue par les distributeurs automobile et analysée lors de la traditionnelle conférence-bilan de l’Aivam. Explications.

Comme à son accoutumée, l’Association des importateurs de véhicules au Maroc (Aivam) a tenu sa conférence de presse relative au bilan annuel du secteur. En présence de quelques membres du bureau de l’Aivam, son président, Adil Bennani, a débuté sa présentation par ces mots : «De mémoire, nous n’avons jamais connu une année aussi perturbée et aussi tumultueuse».

L’allusion est ici faite à la pénurie liée à la crise des semi-conducteurs qui a fini par impacter les ventes de véhicules neufs. Pour autant le marché national a clôturé l’année 2021 sur une progression de 5,7% (par rapport à 2019) à 175.360 véhicules vendus. À comparer (à tort) avec l’année (biaisée) de 2020, 2021 affiche même une hausse de 31,5%. En d’autres termes, le marché a retrouvé son niveau normal d’avant Covid et aurait pu faire mieux que 2019 s’il n’y avait pas de manque de disponibilité due aux semi-conducteurs. Ce manque-là a été estimé à quelque 10.000 unités et fait dire à Adil Bennani que «sans cet impact-là, nous aurions réalisé un record absolu à 185.000 ventes». Mieux encore et si l’on y ajoute les ventes non réalisées par les loueurs et les taxieurs pour le renouvellement de leurs flottes, soit «dans un contexte normal, nous aurions pu titiller la barre de 200.000 ventes», dixit Bennani.

Le VP, toujours  dominant
Selon le président de l’Aivam, les bons chiffres du marché s’expliquent par un effet de rattrapage suite aux ventes non réalisées en 2020 et notamment durant les périodes de confinement. Ce dernier a également fait que beaucoup de Marocains ont pu épargner et améliorer leur pouvoir d’achat qu’ils ont ensuite affecté à l’acquisition d’un véhicule neuf, soit par nécessité de renouvellement, soit par simple envie de se faire plaisir. Par type de véhicules, les voitures particulières (VP) réalisent toujours le gros du marché, même s’ils n’ont augmenté que de 4% (Vs 2019) à 154.123 unités, tandis que les véhicules utilitaires légers (VUL) ont totalisé 21.237 immatriculations neuves, soit une hausse de 20% (Vs 2019).

Cette bonne santé du marché utilitaire reste cependant mitigée, puisque les ventes ont été fortement poussées par la marque DFSK (4.074 unités), quand d’autres marques exposées au secteur touristique ont été impactées plus négativement. Du côté de la voiture de tourisme, on note la domination maintenue du duo Dacia-Renault qui, à lui seul, frôle les 42% de part de marché (PDM). VP toujours et au classement par marques, les soucis de stocks liés à la crise des semi-conducteurs ont entraîné un chamboulement dans le top-10. Ainsi, Peugeot (12.230 VP vendues) a pris le dessus sur Hyundai (12.008), accédant à la troisième marche du podium. La marque Citroën est passée de la 7e à la 5e place, aux dépens de Volkswagen qui a sensiblement été impactée par des manques de véhicules tout au long de l’année.

On retiendra aussi les bons chiffres d’Opel (6.964 VP vendues) et ceux de Kia (4.345) qui opère un retour en force, y compris dans le top-10 (10è). Labels généralistes toujours, d’autres marques ont performé l’an dernier à l’image de Seat qui a livré 2.335 VP (+29,7%) et surtout Skoda dont les ventes ont franchi, pour la première fois au Maroc, la barre de 4.000 unités (4.170 précisément) signant une hausse de 18,9%.

Une première : Audi, leader du premium !
En croissance de 11%, le segment de l’automobile haut de gamme n’a pourtant pas été épargné par les problèmes de pénurie de véhicules, faisant que les performances soient contrastées d’une marque à l’autre. Ainsi et pour la première fois dans le royaume, Audi est arrivée en tête du classement avec plus de 3.500 ventes, soit une progression de 60% (Vs 2019). Le reste du podium est occupé par BMW (2e) et Mercedes (3e) qui, respectivement, ont vendu 3.397 et 2.535 VP, avec comme variation (Vs 2019) +31% et -10%. On retiendra aussi des performances records pour les marques Jeep (1.801 ventes), Volvo (1.160) et Porsche (309). Malgré de gros soucis de stock, la marque suédoise a réussi à finir l’année en hausse de 11% et intégrer pour la première fois le top-5 du marché premium. La plus sportive des marques allemandes, elle, peut se targuer de son volume qui correspond à une croissance à 3 chiffres (+106%), de surcroît réalisé majoritairement avec des modèles à moteur essence ou hybride.

VO, villes, profils et tendances…
Dans les autres composantes du marché, il est à noter les transactions en forte hausse du véhicule d’occasion avec un nombre record de 662.031 mutations. Là encore, la pénurie sur le neuf y est pour quelque chose, en plus de «la réduction de mouvements à l’international et le non-retour en véhicules des MRE», explique-t-on du côté de l’Aivam. Par type de carburant, le diesel représente toujours près de 90% du marché du neuf, quand la part de l’essence a atteint 10,8% (contre 7,8% en 2019).

Mais attention, ce regain d’engouement pour le sans-plomb est un peu factice dans le sens où il est «poussé par l’hybride et le mini-pick-up», explique l’Aivam. En outre, les motorisations alternatives sont stimulées par une expansion de l’offre, puisque pas moins de 11 marques en disposent désormais, alors qu’il n’y en avait qu’une ou deux marques jusqu’en 2017 (Toyota et Renault). Par segment, on retiendra surtout l’effondrement du marché des compactes (-25,6% Vs 2019), cannibalisé par la forte demande sur le SUV (+14,7%) qui arrive en tête des catégories les plus prisées par la clientèle en 2021 avec 31,4%, devant la citadine (26,3%) et le ludospace (15,9%).

Par villes, Casablanca reste en tête (39,2% des ventes) et, une fois n’est pas coutume, enregistre une baisse (-6,8%) s’expliquant par les ventes non réalisées par les loueurs et les taxieurs. Autre ville impactée par la baisse de l’activité économique et notamment touristique, Marrakech a vendu l’an dernier 9,3% de véhicules neufs de moins qu’en 2019, soit tout l’inverse pour Tanger (46,4%) et Kénitra (+24,7%) qui font figure de pôles industriels en pleine expansion. Autre tendance, la féminisation du parc. Selon les données fournies par les organismes de financement, leur part (sur les ventes du neuf) a atteint 42% l’an dernier alors qu’elle n’était que de 37% en 2019. Enfin, s’exprimant sur les perspectives pour cette année, «2022 continuera à être impactée par la pénurie», prévoit Adil Bennani qui entrevoit tout de même des «pistes d’amélioration au second semestre».

Jalil Bennani / Les Inspirations ÉCO Auto


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