Auto

AIVAM. Adil Bennani : “Il faudrait une subvention aux primo-accédants”

Adil Bennani.
Président de l’AIVAM

L’automobile accessible cible une partie de la classe moyenne au Maroc. À votre avis, comment se définit celle-ci ?
Selon le Haut-commissariat au plan (HCP), la classe moyenne représente au Maroc entre 55% et 60% de la population et se situe entre la classe la plus aisée, qui représente 10 à 15%, et la classe la plus modeste qui représente moins de 30%. Toujours selon le HCP, un ménage de la classe moyenne touche en moyenne 4.500 DH en milieu urbain et un peu moins dans le rural. Donc, vous imaginez bien qu’avec un tel revenu, un ménage ne peut se permettre d’acquérir un véhicule neuf. Du coup, seule la part, disons, la plus aisée de cette classe moyenne peut s’offrir un véhicule qui sera plutôt d’occasion et si l’on considère que celui-ci soit affiché autour de 70.000 DH, puis financé à crédit à hauteur de 50.000 DH, sa mensualité sur 48 mois tournerait autour de 1.100 ou 1.200 DH, intérêts compris. Or, 1.200 DH de traite pour un véhicule d’occasion constitue une importante charge pour un ménage de la classe moyenne, à moins qu’elle se situe dans le haut du pavé avec un salaire tournant autour de 9.000 DH, ce qui est à la lisière de la classe la plus aisée, selon les critères du HCP. Du coup, lorsqu’on rapporte tout cela à la taille du parc automobile, on constate que deux ménages sur trois n’ont pas de voiture. Tout cela nous amène à dire que, dans un contexte de pays en développement, le potentiel de croissance du marché automobile est énorme.

À votre avis, quels sont les véhicules accessibles qu’achète la partie haute de cette classe moyenne ?
La partie haute de cette classe moyenne va pouvoir se permettre les véhicules neufs les plus accessibles qui se situent, aujourd’hui au Maroc, entre 100.000 et 140.000 DH. À ce niveau de prix, la clientèle demande généralement des équipements basiques, même si cette dernière notion a évolué, puisqu’on trouve de nos jours, dans ces véhicules-là, de la direction assistée, de l’ABS, des airbags, des systèmes multimédia et des normes antipollution qui sont au minimum Euro4 ou Euro5.

Selon vous, à partir de quel prix plafonné un véhicule sort-il du champ de la classe moyenne ?
Je pense qu’au-delà de 150.000 DH, on ne s’adresse plus à la classe moyenne, dans l’acception du HCP de cette catégorie sociale. Maintenant, si l’on prend en compte tous ceux qui achètent des véhicules neufs, soit environ 150.000 ménages qui renouvellent leur achat une fois tous les quatre ans, cela nous donne une moyenne de 600.000 ménages qui achètent des voitures neuves. Parmi eux, les moins aisés vont se servir dans une tranche allant de 140.000 à 200.000 ou 250.000 DH. Selon les études de l’Aivam, le tiers des ménages marocains ne songe même pas à acquérir une voiture et se situe donc hors-champs pour une question de pouvoir d’achat. Seule la partie la plus aisée de cette catégorie peut donc s’acheter un véhicule à un maximum de 140.000 DH.

Pensez-vous qu’un véhicule accessible puisse réunir un maximum de qualités pour répondre aux besoins grandissants de la classe moyenne ?
Aujourd’hui, une famille de la classe moyenne, c’est généralement un couple, trois enfants, plus deux personnes à charge et, pour transporter 7 personnes, il faut idéalement opter pour un ludospace, segment qui a le vent en poupe. D’ailleurs, on le voit aujourd’hui, ces véhicules ont une belle cote sur le marché de l’occasion, justement parce que c’est précisément là que se situe la demande des ménages à revenus moyens. Si l’on prend un véhicule comme le Lodgy de Dacia, pour ne pas le citer, c’est un modèle qui, au bout de 5 ans, a la décote la plus faible sur le marché national et cela s’explique par le fait qu’il y a une très forte demande pour ce genre de véhicule.

Que faut-il pour permettre à la classe moyenne d’accéder un peu plus facilement à l’automobile ?
Si l’on imagine des dispositifs d’exonération de taxe ou de subvention pour ces produits-là (NDLR : les ludospaces), et afin de les ramener dans une enveloppe de 70.000 DH, le pari sera alors gagné, et les clients dont on parle achèteront ces véhicules-là neufs plutôt que sur le marché de l’occasion. Maintenant, il est évident que l’État ne peut apporter une réponse à tout, et nous sommes en train de parler d’automobile et non de biens de toute première consommation ou des besoins bien plus primaires comme l’éducation et la santé. Ceci dit, ce que nous défendons au sein de la profession, c’est que l’on puisse avoir un dispositif de prime à la casse qui permette de libérer le marché des anciens véhicules et de dynamiser le marché de l’occasion pour permettre à cette classe moyenne d’accéder aux mêmes conditions à des véhicules de meilleure facture. La deuxième chose que nous demandons, c’est d’avoir un système de subvention aux primo-accédants même dans le domaine de l’occasion et de leur donner accès au financement de manière à ce qu’ils puissent franchir le pas. À partir de là, on aidera la classe moyenne à se motoriser et à moindre coût. 

Jalil Bennani / Les Inspirations Éco Auto


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