Maroc/Corée du Sud. Les pistes d’impulsion des relations économiques
Le Premier ministre coréen a proposé cinq pistes d’impulsion du business entre la Corée et le Maroc, qui ont respectivement signé 52 et 55 ALE. Il s’agit de l’automobile, des énergies renouvelables, de la gestion des ressources hydrauliques, de la coopération triangulaire Corée-Maroc-Afrique et de l’institutionnalisation de la coopération.
La Corée du Sud veut se faire une plus grande place dans l’économie marocaine. Son Premier ministre, Lee Nak-yeon, l’a fait savoir la semaine dernière, lors d’une mission effectuée dans le royaume, à la tête d’une importante délégation composée de 70 personnes parmi lesquelles des ministres, des parlementaires, des institutionnels et des hommes d’affaires. Jeudi à Rabat, lors de sa rencontre avec son homologue Saâd-Eddine El Othmani, les deux chefs de gouvernement ont longuement parlé des relations politiques exemplaires qui existent entre les deux pays. C’était notamment l’occasion pour le Premier ministre coréen de rappeler, entre autres, que le Maroc était le premier pays africain où la Corée a choisi d’ouvrir une représentation diplomatique. Cela s’est passé en 1962, il y a exactement 56 ans. Et plus d’un demi-siècle plus tard… il ne s’est pas passé grand-chose dans le domaine économique. En effet, la Corée du Sud se situe au 20e rang des partenaires commerciaux du Maroc, avec un flux qui n’a généré que 660 millions de dollars (environ 6 MMDH) l’année dernière. En termes d’investissements, c’est le 16e investisseur dans le royaume où il compte un peu plus d’une dizaine d’entreprises parmi lesquelles LG, Samsung, Daihatsu, Hyundai, Kia, etc. Et dans le domaine des investissements directs étrangers (IDE), la Corée a investi 43,7 milliards de dollars en 2017. Une manne de laquelle le Maroc n’a pu capter que 1%. C’est très peu, trop peu !
Le ton a été donné à Rabat
Alors, pour changer la donne, les deux chefs de gouvernement ont présidé la signature de six accords de coopération portant sur l’enseignement supérieur, les énergies renouvelables, l’automobile, les réseaux et la promotion des investissements. Ils ont également promis de redémarrer les travaux de la commission mixte maroco-coréenne. Parallèlement à cela, les parlementaires ont décidé de relancer les forums économiques, à l’image de celui qui s’est tenu vendredi à Casablanca. Organisé par la Chambre de commerce et d’industrie coréenne (KCCI) et la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), ce forum s’est tenu sous la présidence conjointe du Premier ministre coréen et de Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie, du commerce, de l’investissement et de l’économie numérique, en présence de 200 participants. L’occasion pour Salaheddine Mezouar, le patron de la CGEM, de déclarer qu’«au-delà des relations politiques et économiques, les relations entre pays doivent aller dans le sens d’une prospérité partagée. Et dans le large débat qui prévaut actuellement au Maroc sur le choix d’un modèle économique, le modèle coréen est souvent cité. Ceci étant, la Corée a aussi à apprendre de nous en matière de relations Sud-Sud». Cela veut dire que les Marocains attendent beaucoup de la Corée du Sud. Un pays pauvre, dépourvu de ressources fossiles et minières, qui a tout misé sur ses ressources humaines en développant la formation professionnelle, les relations université-entreprise, la recherche-développement, l’innovation et l’employabilité, et qui a brillamment réussi. Classée parmi les Dragons d’Asie, la Corée, qui a surmonté la pauvreté grâce à l’éducation du capital humain, est inspirante; elle mérite d’être regardée de plus près, d’être suivie.
De son côté, le Maroc a également plein d’opportunités à offrir à la Corée. C’est un champion en matière de relations Sud-Sud avec lequel il est facile d’avancer sur des sujets gagnant-gagnant. Moulay Hafid Elalamy l’a également souligné dans son allocution : «Le Maroc est un hub idéalement situé qui dessert plusieurs marchés porteurs. Son Code des investissements est très attractif puisqu’il permet aux investisseurs de rapatrier 100% de leurs bénéfices». Autrement dit, tous les ingrédients sont réunis pour donner une nouvelle impulsion aux relations économiques entre les deux pays. Dans le cadre du Programme d’accélération industrielle (PAI) par exemple, le patron du KCCI a identifié trois pistes: les TIC, l’automobile et le médical. Selon lui, ces trois domaines pourront être appuyés par l’Aide publique au développement (APD) accordée par la Corée.
L’automobile suscite beaucoup d’intérêt
Le Premier ministre coréen a lui aussi proposé des pistes d’impulsion des affaires entre son pays et le Maroc, qui ont respectivement signé 52 et 55 accords de libre-échange (ALE). La première est naturellement l’automobile, un secteur où le Maroc est amené à court terme à produire 400.000 voitures par an. La deuxième est celle des énergies renouvelables, où la Corée a développé des technologies de stockage énergétique, des technologies relatives à la voiture électrique et aux réseaux intelligents. La troisième piste proposée concerne la gestion des ressources hydrauliques, domaine où la Corée a déjà apporté son expertise notamment dans l’aménagement du Bassin de Sebou. La quatrième piste est celle de la coopération triangulaire Corée-Maroc-Afrique. Sur cet axe, le Premier ministre coréen suggère que l’accord signé en 2014 avec le Maroc soit amendé et orienté dans ce sens en tenant compte de la position de 2e investisseur qu’occupe le Maroc dans le continent. Last but not least, pour booster le business entre la Corée et le Maroc, Lee Nak-yeon insiste sur l’institutionnalisation de la coopération. Une piste qui est en très bonne voie puisqu’elle a été concrétisée par six accords, en plus de celui conclu entre la CGEM et l’Agence coréenne de promotion de l’investissement (KOTRA).