Madrid et Rabat entament un nouveau chapitre
Deux ministres du nouveau gouvernement espagnol sont attendus ce jeudi à Rabat, où l’écriture d’une nouvelle page dans les relations maroco-espagnoles doit être entamée. Celles devraient s’inscrire dans la continuité.
Le gouvernement de Pedro Sanchez pourra-t-il faire mieux, en matière de rapprochement maroco-espagnol? L’arrivée, demain jeudi, de deux ministres lors d’un seul et même déplacement marque la volonté de Madrid de suivre les pas du gouvernement de Mariano Rajoy sur le plan des relations bilatérales. En effet, c’est demain que le ministre de l’Intérieur, Fernando Grande-Malaska, et celui des Affaires étrangères et de la coopération, Josep Borrell, débarquent sous nos cieux. Il faut relever que c’est la première fois que deux chargés de portefeuille de premier plan se rendent ensemble à Rabat pour une visite de travail… et de présentation. Car, exception faite des déplacements de la réunion de haut niveau maroco-espagnole, jamais deux chargés de portefeuilles ministériels espagnols ne se sont déplacés en même temps sous nos latitudes. «Les déplacements, les entretiens et les rencontres entre les ministres espagnols et marocains sont fréquents depuis quelques années, et les relations sont spécialement entretenues, particulièrement entre les départements de l’Extérieur et de l’Intérieur», souligne El Pais.
L’ordre du jour principal de cette visite sera, bien entendu, la gestion du dossier migratoire par les deux pays. De fait, la première visite des membres du nouveau gouvernement espagnol se déroule dans un contexte particulier, chargé en expectations. Les ministres espagnols devraient informer les autorités marocaines du contenu du mini-sommet des seize pays européens sur la migration, tenu à Bruxelles dimanche dernier. Les mandataires ibériques présenteront à leurs homologues marocains, Nasser Bourita et Abdelouafi Laftit, l’idée soutenue par Madrid et Paris durant le sommet euro-européen. Il s’agit de la mise en place de «ports sûrs» dans des pays en dehors de l’UE, pour la prise en charge des migrants. En outre, Rabat sera appelée à donner son avis sur le projet franco-allemand d’installation de site de «tri» des migrants dans les pays d’origine ou de transit. L’idée est de réduire les arrivées, sur les côtes européennes, des candidats à l’immigration ayant peu de chance de voir leur demande d’asile aboutir. Sur ce même registre, la visite devrait mettre un terme aux spéculations -voire à la «médisance»- de certains médias espagnols sur le «coup de froid» que connaîtraient les relations liant Madrid à Rabat. La succession des avalanches migratoires sur les côtes espagnoles a été interprétée par quelques journaux ibériques comme un «relâchement» de la part des autorités marocaines dans le but d’envoyer un message à l’Exécutif espagnol fraîchement installé.
La rencontre de jeudi sera l’occasion de faire taire les mauvaises langues. Déjà, Sanchez a encensé le rôle joué par le Maroc dans le contrôle des flux migratoires. L’entourage du chef de l’Exécutif espagnol a affirmé que le chef de gouvernement espagnol est revenu, devant les leaders européens, sur la coopération exemplaire entre le Maroc et son voisin du Nord en la matière. Des ministres espagnols avaient aussi balayé d’un revers de main les contre-vérités pointant du doigt, comme il est de coutume, les autorités marocaines, dès que la pression migratoire s’intensifie. Avant de débarquer à Rabat, Grande-Malasaka a déclaré mardi, après une réunion avec la ministre régionale andalouse de la Justice, que la question migratoire est une affaire européenne. Le dossier migratoire sera au centre des débats, certes, mais il n’accaparera pas la majeure partie des discussions. La lutte anti-terroriste et contre le narcotrafic seront également au menu des discussions. À présent, l’équipe de Sanchez devrait faire preuve d’initiative pour gagner la confiance de Rabat, comme cela a été le cas pour l’équipe sortante.
Sanchez bientôt au Maroc ?
Le chef de gouvernement espagnol Pedro Sanchez se rendra sous nos latitudes durant le second semestre, comme il l’a laissé entendre dans son premier entretien télévisé. Des sources de la Moncloa citées par le journal El Pais espèrent pouvoir programmer ce déplacement au cours de cet été, vu que la première visite après son investiture n’a pas eu lieu du fait d’un problème d’agenda. Durant ce premier entretien accordé à la télé espagnole publique TVE, Sanchez a souligné que son premier appel téléphonique a été passé au Premier ministre marocain Saâd-Eddine El Othmani. De plus, le nouveau gouvernement devrait se pencher sur la visite des roi et reine d’Espagne, reportée à plusieurs reprises.