Enseignement : pas de sortie de crise en vue
Alors que le bras de fer entre les syndicats d’enseignants et le gouvernement se prolonge, ce sont surtout les étudiants qui en paient le tribut, vu les répercussions directes des grèves sur leur cursus. Selon la Fédération nationale de l’enseignement (FNE), la décision de prolonger le mouvement de débrayage jusqu’au 22 décembre fait suite au refus du gouvernement de poursuivre les négociations. Raison avancée : la grève annoncée par la FNE les 21 et 22 décembre, à la veille de la réunion qui devait se tenir le 17 décembre et qui était censée aboutir à un accord final avec les départements gouvernementaux concernés.
Le dialogue entres les enseignants grévistes et le gouvernement semble rompu, alors qu’aucun accord n’a encore été trouvé pour mettre fin aux grèves qui paralysent le système éducatif depuis de longues semaines. Selon Mustapha El Moujahid, secrétaire national du Syndicat national des professeurs agrégés du Maroc (SNAM), l’annonce de la grève des 21 et 22 décembre est intervenue alors qu’un «flou» entourait la proposition d’accord du gouvernement. Le responsable syndical estime que plusieurs des points mentionnés dans le texte n’étaient pas précis. Dans ce contexte, annoncer de nouvelles grèves était un moyen de maintenir la pression sur l’Exécutif pour arriver à un accord au plus vite. Ce que le gouvernement n’a apparemment pas accepté.
Revendications
Concrètement, les revendications présentées par la Fédération nationale de l’enseignement (FNE), et ses coordinations portent essentiellement sur l’annulation du statut unifié, la restitution des prélèvements effectués suite aux grèves, l’annulation du système contractuel en vue d’une intégration directe des enseignants dans la fonction publique, l’augmentation des salaires, mais également l’application de l’accord du 19 avril 2023 portant sur les professeurs agrégés, la compensation financière des enseignants opérant dans les zones difficiles, ainsi que l’annulation des poursuites judiciaires à l’encontre de certains enseignants grévistes et ceux suspendus de leur activité.
Pour sa part, le SNAM revendique, entre autres, l’augmentation des salaires des professeurs agrégés, la définition de leurs fonctions et de leurs horaires de travail, l’émission d’un diplôme spécifique, l’inscription au cycle de doctorat, et la priorité de recrutement dans les cycles post-baccalauréat.
Dans un communiqué officiel publié mardi, le syndicat annonce son rejet catégorique du statut unifié et fait porter au ministère de l’Éducation nationale la responsabilité de la crise actuelle de l’enseignement public, et dont les victimes directes ne sont autres que les élèves des divers cycles de l’enseignement.
Une crise qui risque de perdurer
Pour l’heure, l’avenir reste pour le moins incertain. D’une part, les départements gouvernementaux concernés, à savoir les ministères de l’Inclusion sociale de l’Éducation nationale, et des Finances, s’obstinent dans le refus de reprendre les négociations, compte tenu du manque de confiance affiché par la FNE et ses diverses coordinations.
D’autre part, la FNE ne semble pas vouloir lâcher prise et compte persister dans sa politique de recours à la grève tant que toutes ses revendications ne seront pas satisfaites. «Le gouvernement est responsable de cette crise et c’est lui qui doit en supporter toutes les conséquences. Les enseignants sont autant victimes de cette situation que les élèves qui restent privés de leurs cours à cause de la politique adoptée par le gouvernement. La FNE et ses coordinations ne vont pas baisser les bras tant que les droits de tous les enseignants ne seront pas acquis», déclare Abdellah Ghmimat, secrétaire général de la FNE.
Ahmed Ibn Abdeljalil / Les Inspirations ÉCO