Gouvernement. La crise sanitaire éclipse l’heure du bilan
Le climat politique et social engendré par l’état d’urgence sanitaire et la lutte nationale contre la propagation du coronavirus ont fortement impacté le travail parlementaire durant cette session. En effet, les composantes parlementaires ont délaissé la traditionnelle séance réservée au bilan annuel du gouvernement pour se concentrer sur le dispositif gouvernemental et national mis en place pour stopper la propagation du virus mortel ainsi que pour tempérer les effets économiques et sociaux qui en découlent.
Le gouvernement a bouclé en effet ses trois années de mandat dans un climat marqué essentiellement par le consensus qui s’est dégagé entre la majorité et l’opposition durant cette étape, ce qui donne une autre dimension à l’évaluation qui sera faite par l’Exécutif. Si le schéma de déconfinement accapare actuellement l’attention, plusieurs indicateurs peuvent être présentés pour faire le bilan de l’action de l’Exécutif durant sa 3e année de mandat avec plusieurs actions qui ont été lancées entre avril 2019 et avril 2020.
La régionalisation avancée, la contribution de l’État a doublé
Durant ces trois dernières années, ce sont 71 lois et décrets portant sur les 4 catégories des collectivités territoriales qui ont été adoptés. Pour améliorer les recettes des régions, le gouvernement a décidé durant les deux dernières Lois des finances d’augmenter les transferts de l’IS et de l’IR de 4% à 5%, ce qui a permis de hausser les dotations des régions à 8,4 MMDH en 2019 contre 4 MMDH en 2016. S’agissant des plans de développement régionaux, le bilan indique que tous les documents ont été finalisés avec la création des agences régionales d’exécution des projets. Les conseils des 12 régions ont pu achever leurs plans de développement régional (PDR).
Le chef du gouvernement a insisté à maintes reprises devant les grands élus aussi pour faire en sorte que les plans en questions accélèrent la cadence de réalisation de plusieurs projets structurants au niveau régional et communal. Des efforts sont également déployés en vue de renforcer l’administration fiscale des régions, indique le dernier bilan qui a été réalisé par l’Exécutif à propos des actions programmées pour améliorer les recettes fiscales des régions. Des schémas directeurs de déconcentration relatifs aux services déconcentrés de chaque ministère seront établis avec une responsabilité solidaire qui a été instaurée entre les services déconcentrés et ceux relevant des collectivités territoriales en vue d’assurer le suivi de la mise en œuvre des projets. Un comité régional de coordination sera instauré et présidé par le wali, lequel aura en charge de veiller sur la convergence des actions des services et des établissements publics agissant dans le ressort territorial des régions.
Plans sectoriels, l’emploi en ligne de mire
La réforme des CRI ainsi que l’amélioration du climat des affaires restent les deux principaux domaines d’action du gouvernement durant cette période avec en ligne de mire l’amélioration de l’employabilité des jeunes. Les derniers rapports du gouvernement dressent plutôt un tableau optimiste en matière d’impact des plans sectoriels sur la résorption du chômage des jeunes diplômés. En plus du Plan d’accélération industrielle, l’auto-emploi mais aussi le recrutement sont cités comme étant les mesures phares pour le reste du mandat sans oublier l’apport des secteurs agricole, artisanal et touristique dans l’emploi des jeunes. Le gouvernement dispose aussi d’une vision à l’horizon 2021 avec un partenariat avec les régions et la CGEM pour la création d’un comité de veille sur le marché du travail et l’activation des programmes régionaux de l’emploi. Les principaux indicateurs étalés devant les parlementaires montrent que le seuil de 100.000 emplois a été dépassé dans le cadre de l’opération «Idmaj», dont 20.000 contrats d’emploi à l’étranger. Le bilan de l’emploi public entre 2017 et 2019 a permis de créer 138.491 emplois contre 116.977 pour la période 2012-2016. Les efforts pour l’auto-entrepreneuriat demeurent aussi considérables d’après le bilan d’étape avec 102.581 auto-emplois qui ont été enregistrés à fin avril 2019, soit le taux de 103% de l’objectif tracé jusqu’en 2021.
Ciblage, le gouvernement dans les délais
Une agence nationale sera créée en vue d’opérer une intégration des programmes épars et de pouvoir toucher la personne en besoin de protection. La création d’un environnement légal et réglementaire favorable pour la mise en place du registre reste en effet une condition élémentaire pour l’amorce de la rupture attendue en matière d’identification des besoins des populations à très faible revenus. La nouvelle loi qui a été finalisée devra permettre d’harmoniser les méthodes de ciblage des populations vulnérables marquées jusqu’à présent par le manque de clarté des critères d’éligibilité, ce qui engendre des erreurs d’inclusion et d’exclusion importants, réduit l’efficacité et l’efficience de l’action publique dans ce domaine et limite son impact sur la population cible. Le rassemblement des informations sur la situation socio-économique des individus et des ménages permettra au gouvernement de repérer les plus défavorisés éligibles aux prestations sociales mais aussi de limiter les fuites et les fraudes et d’optimiser les délais et les coûts d’opérationnalisation. Le projet de loi 72-18 offre aussi au RSU l’ingénierie de sa mise en œuvre, de même qu’un système de notation sera mis en place.