Les Cahiers des ÉCO

Le Maroc 5e en Afrique

Infrastructures africaines : Beaucoup reste à faire

Même si la BAD estime que la croissance africaine devrait remonter à 4,1% en 2018 et 2019, la banque n’en fait pas moins un constat peu reluisant du développement des infrastructures sur le continent, surtout dans le secteur énergétique.

Selon la BAD, le stock d’infrastructures en Afrique est faible et surtout dans le domaine de l’énergie. Plus de 640 millions d’Africains n’ont pas accès à l’énergie. Cela signifie que le taux d’accès à l’électricité s’élève, sur le continent africain, à un peu plus de 40%, soit le taux le plus bas du monde. La consommation d’énergie par habitant en Afrique subsaharienne (hors Afrique du Sud) est de 180 kwh, contre 13.000 kwh aux États-Unis et 6.500 kwh en Europe. Le potentiel énergétique de l’Afrique, en particulier en matière d’énergie renouvelable, est considérable mais seule une fraction de ce potentiel est exploitée. L’hydroélectricité fournit environ un cinquième de la capacité actuelle, mais moins d’un dixième de son potentiel est utilisé. De même, le potentiel technique de l’énergie solaire, de la biomasse, du vent et de la géothermie est énorme. Sur la base des résultats préliminaires, les besoins d’investissement de l’Afrique en matière d’infrastructure devraient se situer dans une fourchette de 130 à 170 milliards de dollars par an. 

Entreprises
L’électricité 4 fois plus chère en Afrique
Le coût effectif moyen de l’électricité pour les entreprises manufacturières en Afrique est proche de 0,20 dollar par kwh, soit un coût environ quatre fois plus élevé que les tarifs industriels pratiqués ailleurs dans le monde. Tel est le constat fait par la Banque africaine de développement dans son rapport 2018 sur les perspectives économiques africaines. Cette situation reflète à la fois le coût élevé de l’électricité des services publics (environ 0,10 dollar par kwh) et la forte dépendance à l’égard de la production de secours en cas de pannes d’électricité fréquentes (environ 0,40 dollar par kwh). Dans son rapport, la BAD constate également que les tarifs de fret routier en Afrique sont de deux à quatre fois plus élevés par kilomètre que ceux pratiqués aux États-Unis et les temps de parcours le long des principaux corridors d’exportation sont de deux à trois fois plus élevés que ceux d’Asie.

Ports africains Capacité limitée
Le rapport 2018 s’attarde sur les handicaps rencontrés dans plusieurs secteurs liés aux infrastructures. En ce qui concerne les ports, le document note qu’ils souffrent de contraintes de qualité similaires à d’autres domaines liés aux infrastructures. «Outre une capacité limitée de stockage, d’exploitation et d’entretien des terminaux, de nombreux ports ne sont pas à même d’accueillir des navires de grande taille», indique le rapport. Les ports sont également handicapés par les réseaux d’infrastructure inadéquats de l’arrière-pays, tels que les liaisons ferroviaires et routières avec les ports, ce qui entraîne souvent dans ceux-ci de longs retards. Globalement, dans 45 pays africains, ni le stock actuel, ni l’accès, ni la qualité des infrastructures ne stimulent la croissance économique dans un contexte de faible dotation en infrastructures de base. Une infrastructure de mauvaise qualité réduit jusqu’à 2% le taux de croissance moyen par habitant en Afrique.

Quand le cadre juridique bloque l’essor des infrastructures
Pour le rapport 2018 de la BAD sur les perspectives économiques africaines, «les cadres juridiques, réglementaires et institutionnels en Afrique sont des obstacles majeurs aux investissements privés dans les infrastructures». L’inexistence d’institutions ou leur inefficacité représentent également un défi. Des lois, fussent-elles promulguées, peuvent ne pas être mises en œuvre ou ne pas être suivies de décrets d’application. Par conséquent, «des institutions financières solides et fiables sont indispensables au bon fonctionnement du secteur de l’énergie, par exemple», recommande le document. Les acteurs du secteur privé tendent à participer à la production d’électricité en tant que producteurs énergétiques indépendants (PEI) et à la distribution aux consommateurs finaux (DISCO). Toutefois, un cadre réglementaire inadapté limite souvent la participation du secteur privé au financement des infrastructures. À titre d’exemple, un grand nombre de fonds de pension en Afrique ne sont pas autorisés à investir dans des projets d’infrastructure et ceci encore moins en dehors de leur pays.


whatsapp Recevez les actualités économiques récentes sur votre WhatsApp

Évolution des prix des fruits et légumes à Casablanca



Page précédente 1 2

Rejoignez LesEco.ma et recevez nos newsletters



Bouton retour en haut de la page