Les Cahiers des ÉCO

Banques marocaines : 2,7 MMDH de bénéfices en Afrique

Mehdi El Fakir : «Les banques marocaines ont attendu avant de rentabiliser leurs investissements» 

Mehdi El Fakir, économiste, expert-comptable

Pour l’économiste Mehdi El Fakir, le retour sur investissement des banques marocaines a pris du temps. Dans cette interview, il estime que les groupes doivent poursuivre leur politique d’expansion en Afrique, tout en souhaitant l’arrivée au Maroc de banques subsahariennes.

Les Inspirations ÉCO : Les contributions des filiales africaines dans le RNPG des banques marocaines se renforcent.
Mehdi El Fakir : Le business bancaire s’inscrit sur le long terme. Les banques marocaines ont accéléré leur présence en Afrique subsaharienne à partir du milieu des années 2000. À l’époque, c’était moins une logique de rentabilité immédiate. Ces filiales ont mis du temps avant de booster leurs contributions. Ce n’est qu’à partir de 2012-2013 que la profitabilité a commencé à donner des chiffres. Il est vrai qu’aujourd’hui les banques marocaines commencent à récupérer leur mise, mais elles ont fait preuve de patience en investissant sur l’efficacité opérationnelle de leurs filiales africaines, comme par exemple dans leur système d’information, le transfert de compétences, etc. Aussi, elles ont investi des marchés à fort potentiel, mais mal exploités à l’époque. Les groupes marocains se sont davantage positionnés sur la banque de détails et accessoirement sur la banque du marché, pour lequel il y a encore du chemin à faire. Aujourd’hui, ils récoltent très naturellement les fruits de leur investissement.

Quels secteurs devraient davantage attirer les financements bancaires sur le continent ?
Plusieurs secteurs de ces économies nécessitent encore d’importants financements. Les besoins sont énormes, notamment dans l’immobilier et le BTP, qui sont en plein boom sur le continent. Les banques marocaines se positionnent comme organismes de financement et sont en train d’investir et de rentabiliser ces segments. Les banques marocaines sont en Afrique pour rester. Malgré la conjoncture difficile dans certains pays producteurs de pétrole, notamment en Afrique Centrale, je ne crois pas que les groupes bancaires marocains pensent à plier bagages.

L’acquisition de Barclays Egypt par Attijariwafa bank se fait sentir dans les chiffres. Au-delà de ses contributions, quel rôle peut jouer cette filiale égyptienne ?
Il est clair que l’acquisition de Barclays constitue un couronnement de longues années de travail et de tentatives. Au-delà de la rentabilité de cette banque, son rôle sera d’ouvrir à Attijari les marchés du Proche et Moyen-Orient. C’est très stratégique économiquement, en plus du fait que l’économie égyptienne est elle-même prometteuse. C’est un marché de 100 millions de personnes avec un segment «retail» (banque de détails, ndlr) mal exploité. La classe moyenne égyptienne est estimée à environ 52 millions de consommateurs, sans parler du fait que l’Égypte est pressentie parmi les 50 futures économies à évoluer considérablement dans les 50 prochaines années. Pour Attijari, c’est une affaire très prometteuse, au-delà de booster ses indicateurs financiers.

Pour les banques marocaines, c’est donc plus que jamais le moment de continuer la politique d’expansion en Afrique ?
Je pense que oui, elles doivent poursuivre leur dynamique d’expansion. Il faut profiter du retrait des grands groupes occidentaux comme Barclays, mais aussi de l’évolution économique des pays du continent. Il y a aussi la nécessité de soutenir la politique de développement du partenariat Sud-Sud développé par le Maroc, sans parler du besoin pour le continent de renforcer son taux de bancarisation qui dépasse à peine 15% dans la plupart des pays africains.

BMCE Bank of Africa s’annonce en Afrique du Sud dès cette année. Pensez-vous qu’il y a de la place pour une banque marocaine dans ce pays ?
La présence des banques marocaines en Afrique du Sud est géostratégiquement très importante. Les groupes bancaires marocains ne tarderont sûrement pas à y poser pied. L’Afrique du Sud est certes un géant dans le secteur bancaire africain mais il y a encore de la place et des moyens de faire bénéficier ce marché du savoir-faire marocain qui a fait ses preuves. Je ne crois pas qu’il devrait y avoir d’obstacles à l’accès au marché sud-africain avec le réchauffement des relations politiques entre Rabat et Pretoria. En plus l’annonce récente du rachat par le sud-africain Sanlam de Saham Finances confirme que d’importantes possibilités de business existent entre les deux pays.

On tarde aussi à voir l’arrivée des banques panafricaines au Maroc. Qu’est-ce qui bloque ?
Je crois qu’avec le retour du Maroc à l’Union africaine et dans sa perspective d’adhésion à la CEDEAO, il devrait y avoir moins d’obstacles à leur arrivée. Les derniers obstacles institutionnels sont en train d’être levés. Rien donc n’empêcherait à ces banques de pouvoir s’implanter au Maroc. Les considérations institutionnelles ont toujours compliqué cette éventualité, mais aujourd’hui l’arrivée de ces banques sur le marché marocain est imminente.  


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