Éco-Business

Les parlementaires divisés

«Le débat devait avoir lieu en amont au parlement»

Omar Balafrej, député de la FGD

Les Inspirations ÉCO : Que pensez-vous de la réforme du régime de change ?
Omar Balafrej : L’exposé du wali de Bank Al Maghrib est bien ficelé. Mais, il fallait le faire avant de prendre la décision. C’est, d’ailleurs, toute la problématique de la transition politique qu’on ne voit pas venir dans notre pays. Ce genre de débat avec le wali de Bank Al Maghrib, qui a un grand pouvoir, et l’institution parlementaire devait avoir lieu en amont afin de créer un climat de confiance en donnant l’information aux différents acteurs politiques au parlement. Sur le fond du sujet, les arguments du wali de Bank Al Maghrib sont intéressants mais méritent un débat. En effet, on commence la flexibilité sans avoir la réponse sur où est ce qu’on va. On ne connait pas le danger de la flexibilité totale sur un pays à l’économie fragile. Le Maroc est très déficitaire et a une industrie très faible. Si la flexibilité n’est pas liée à une véritable stratégie industrielle pour renforcer la capacité industrielle du Maroc pour aller vers l’équilibre de notre balance commerciale, on va courir un vrai danger comme en témoignent les cas de plusieurs pays dans le monde similaires au Maroc ayant recouru à la flexibilité du régime de change et dont les entreprises ont commencé à s’endetter à l’étranger sur le marché des devises.

Ne pensez-vous pas que le cas du Maroc est différent d’autres pays ?
Le problème réside dans la stratégie d’avenir. Le wali de Bank Al Maghrib rassure. Mais, je tiens à souligner que nous avons un manque de confiance politique au Maroc. Si on était confiant dans nos décideurs et convaincu qu’ils défendent en premier lieu l’intérêt général, on n’aurait pas de problèmes. Le parlement devait être impliqué en amont pour que les parlementaires puissent donner leur avis. Les parlementaires au Maroc, toutes tendances confondues, sont mûrs et capables de prendre de bonnes décisions. Ils sont les représentants des citoyens.

À votre avis, la réforme pouvait-elle attendre ?
Nous avons besoin d’une vision à long terme qui manque au Maroc. Si le débat avait eu lieu en précisant la vision stratégique du Maroc pour les années à venir, la question de la flexibilité du dirham deviendrait technique. Le malaise a trait aux questions de fond et au contrat social, politique et économique. Le wali de Bank Al Maghrib devrait venir souvent au parlement pour débattre avec les parlementaires au lieu de prononcer un discours bien préparé par des fonctionnaires compétents. C’est le parlement qui doit prendre les décisions qui impactent le pays.

Doutez-vous de l’existence d’une stratégie à long terme relative au la réforme du régime de change ?
Oui, j’en doute. Si cette stratégie existe, elle est loin d’être claire. Il faut ne pas suivre l’actualité politique, économique et sociale du pays pour dire que la voie est toute tracée. Les institutions politiques doivent être renforcées pour qu’elles jouent leur rôle. Dans toutes les démocraties, le parlement est l’institution centrale. Le Maroc ne va pas réinventer un nouveau modèle politique.


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