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Mémorandum de la Banque mondiale : Le Maroc à la croisée des chemins

État des lieux : Un bilan mitigé

Selon la BM, la convergence de l’économie marocaine demeure lente vers les économies voisines d’Europe du Sud ou vers les pays émergents à hauts revenus. Elle soulève aussi les fragilités du modèle de développement marocain.

La Banque mondiale salue les réalisations accomplies par l’économie marocaine depuis une quinzaine d’années précisant que le pays a su enclencher un processus de rattrapage économique relativement résilient au début des années 2000 mais le rapport soulève plusieurs contraintes : une convergence lente vers les économies voisines d’Europe ou les pays émergents de haut niveau, un essoufflement du modèle de développement et une transformation structurelle lente.

Une convergence lente et incomplète
La convergence de l’économie marocaine demeure lente vers les économies voisines d’Europe du Sud (Espagne, France, Italie, Portugal) ou vers les pays émergents à hauts revenus (la Corée du Sud, la Malaisie, le Chili, la Turquie) tant sur les réalisations économiques que les avancées sociales. Un diagnostic étayé par la Banque mondiale par des chiffres concrets : le revenu par habitant de l’Europe du Sud est quatre fois supérieur à celui du Maroc en parité de pouvoir d’achat. Le niveau de développement économique actuel du Maroc est plutôt semblable à celui de l’Europe dans les années 60. Le pouvoir d’achat d’un Marocain n’atteint que 22% de celui de son voisin européen immédiat.
En dépit de tous les efforts déployés, le Maroc n’est pas parvenu à réaliser des taux de croissance soutenus et élevés pour rehausser la richesse nationale. Pour réussir le décollage économique à l’instar d’autres pays, le taux de croissance du PIB par habitant doit être supérieur à 4% par an pendant deux à trois décennies alors que ce taux n’a atteint que 3,5% entre 2000 et 2007 en dépit des facteurs conjoncturels favorables comme la croissance mondiale, le boom du crédit et l’expansion de la dépense publique. Le retard du Maroc est plus marqué en matière de richesse totale par habitant qui est similaire à celle de l’Égypte et sensiblement inférieure à celle de l’Algérie et significativement plus basse que celles de la Tunisie et de la Jordanie. Sur le plan de la convergence sociale, l’écart économique entre le Maroc et les pays européens se répercute sur les conditions de vie relatives des Marocains et des Européens. La structure actuelle des dépenses de consommation des ménages marocains est proche de celles des pays européens dans les années 1950 et 1960. À cela s’ajoute les différences considérables de bien-être au sein de la population marocaine et les difficultés pour le capital humain à se développer.

L’essoufflement du modèle de développement
Le modèle de croissance marocain est qualifié de gourmand en capital alors que les gains de productivité sont faibles. Plusieurs pays émergents tels que la Turquie et la Colombie ont réalisé des taux de croissance très proches de celui du Maroc (4,3%) avec des taux d’investissement significativement plus faible de 20%. La croissance marocaine se révèle pénalisée par la difficulté de l’économie à mobiliser les ressources humaines disponibles, en particulier les jeunes et les femmes et à réallouer le travail entre secteurs à des fins d’efficience.

La Banque mondiale soulève les fragilités du modèle de développement marocain basé essentiellement sur la demande intérieure, stimulé par le crédit et la dépense publique. Ce modèle ne peut «être soutenable à long terme». Les défis sont de taille. Pour l’institution internationale, le Maroc a besoin d’une croissance plus équilibrée, tirée davantage par la demande extérieure et moins génératrice d’endettements (nécessité de stabiliser l’endettement public, de contrôler le développement de l’endettement privé et de maintenir les comptes extérieurs proches de l’équilibre).

Actuellement, le Maroc ne pourra pas miser sur une augmentation spontanée de la demande extérieure sur ses marchés traditionnels à cause de la détérioration et de la volatilité de l’environnement régional et international. La Banque mondiale salue l’ouverture stratégique du Maroc vers l’Afrique subsaharienne compte tenu des perspectives de croissance et de développement de l’Afrique tout en précisant que les marchés africains, notamment l’Afrique francophone sont encore de taille modeste. L’ouverture vers le Nigéria et l’Afrique de l’Est offre des opportunités économiques non négligeables. En dépit de tout, la Banque mondiale incite le Maroc à continuer à compter sur ses propres forces pour créer les conditions d’une demande extérieure plus soutenue en poursuivant sa stratégie de diversification des marchés cibles et de promotion des exportations, ce qui nécessite une accélération de la transformation structurelle de l’économie.

Lente transformation structurelle
Le processus de transformation structurelle de l’économie au Maroc est qualifié de lent et jugé moins actif que dans les pays à revenu intermédiaire élevé. La part de l’agriculture dans le PIB au Maroc n’a que légèrement diminué au cours des 35 dernières années contrairement aux pays à revenu intermédiaire élevé.

Les parts de l’industrie et des services sont restées stables par rapport aux évolutions qu’ont connues d’autres pays comparables. Le Maroc connaît un difficile processus d’industrialisation en dépit des politiques volontaristes pour dynamiser le développement industriel, selon les experts de la Banque mondiale. Ils soulignent par ailleurs que l’impulsion donnée par la politique industrielle du Maroc commence à porter ses fruits dans certaines filières en particulier dans les secteurs de l’automobile et de l’aéronautique. «Le rapport soulève la lenteur de la transformation structurelle du tissu productif marocain qui ne permet pas d’accompagner la croissance des flux de diplômés. Parmi les raisons de la faible contribution de l’industrie à l’emploi figurent un intérêt insuffisant des entrepreneurs marocains pour l’industrie ainsi que la faiblesse du nombre des joint-ventures dans le secteur industriel contrairement à d’autres pays émergents.

À cela s’ajoute un faible dynamisme entrepreneurial. De nombreux entrepreneurs se positionnent dans des secteurs qui affichent une faible création de valeur et d’innovation comme en témoigne le nombre des entreprises exportatrices qui n’est que de 5.300 et qui stagne depuis le début des années 2000.


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