Comment sont conçus les manuels scolaires ?
“Nos manuels scolaires n’ont rien à envier à ceux des autres pays de la région MENA”
Le niveau des connaissances contenues dans les livres scolaires marocains est-il conforme aux normes internationales ?
Des comparaisons ont déjà été faites en la matière. Nos manuels scolaires n’ont rien à envier à ceux des autres pays de la région MENA. Je ne vais pas faire la comparaison avec les livres des pays européens et d’Amérique du Nord, dont le coût de revient est de loin supérieur à celui des manuels scolaires marocains.
Le mauvais classement des élèves marocains dans les tests internationaux n’est-il pas dû à la faiblesse des contenus des manuels scolaires ?
Le nombre de pays qui participent aux tests internationaux d’évaluation ne dépasse pas la cinquantaine sur les deux cents pays qui existent. Si le Maroc arrive dernier ou avant-dernier sur cinquante États, cela ne signifie pas que notre système éducatif est le dernier au niveau mondial. Cette confusion doit être levée. En outre, il ne faut pas comparer uniquement les résultats des élèves; il s’avère aussi primordial de tenir compte des autres variables. À titre d’exemple, le PIB des pays arabes qui nous devancent est de loin supérieur à celui du Maroc. En effet, il existe une corrélation entre le PIB et le niveau des services, dont l’éducation. En ce qui concerne les mathématiques, aucun programme mondial n’existe. À titre d’exemple, le programme de l’école américaine est largement en dessous des exigences des mathématiques que nous avons au Maroc, mais il est justifié par un certain nombre de considérations. Dans le programme américain, lorsqu’un étudiant choisit de suivre des études en sciences de l’ingénierie, on lui enseignera les mathématiques dont il a besoin pour devenir ingénieur dans une filière donnée. Au Maroc, les élèves du secondaire suivent un programme de mathématiques comme s’ils allaient tous devenir ingénieurs. Idem pour les autres matières.
Comment s’est fait ce choix ?
Au moment de la révision des programmes entre 2000 et 2002, une commission interdisciplinaire, composée de chercheurs et de penseurs, a défini le contenu des programmes. Je tiens à souligner que les organismes internationaux des tests d’évaluation, comme TIMSS et PIRLS, rassemblent avant l’élaboration des tests les représentants des ministères des pays participants qui travaillent pendant une semaine sur un programme hypothétique qui n’existe dans aucun des pays concernés. Les pays les plus puissants imposent dans ces négociations une grande partie de leur programme. Des régulations doivent être introduites à nos programmes vu que nous participons aux évaluations internationales. Nous allons notamment introduire une grande partie des traitements de données comme composante des mathématiques au primaire.
Estimez-vous qu’une révision globale de fond des manuels scolaires soit nécessaire ?
Cette année, la révision de l’arabe et du français s’est faite en profondeur, tant au niveau des contenus que des méthodes d’enseignement préconisées. La révision totale des programmes nécessite la mise en place d’un mécanisme stratégique prévue dans la vision stratégique dans le cadre de la loi-cadre: la commission permanente des programmes, qui n’existe pas encore aujourd’hui. Il faut que la loi-cadre soit promulguée et qu’un arrêté ministériel instaurant cette commission soit publié. Cette future instance doit mener la réflexion sur le citoyen de l’année 2030/2035 afin de tracer son profil et définir les contenus qui lui seront dispensés et leur forme, la place du numérique et du présentiel… En tant que techniciens, nous avons les réponses, mais n’avons pas le droit de les mettre en œuvre tant que cette commission n’a pas encore été mise en place.
