Guerre du Rif : L’Espagne veut lancer un processus de réconciliation

Après des années de déni, le gouvernement espagnol des Affaires étrangères a annoncé son intention de lancer un processus de réparation et de réconciliation pour les dommages causés durant la guerre du Rif.
L’Espagne se réconcilie avec son histoire. En effet, le pays a décidé de se pencher sur une des pages peu glorieuse de son histoire et de faire son mea culpa vis-à-vis du Maroc. Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération espagnole, Josef Borrell a annoncé le projet de son gouvernement d’initier, avec la collaboration du Maroc, un processus de réconciliation afin de «panser les plaies des uns et des autres» et de reconnaitre les dommages subis de parts et d’autres. S’exprimant devant la commission des Affaires extérieures du congrès des députés, la chambre basse espagnole, Borrell a souligné que le gouvernement annoncera des mesures réparatrices en 2020, à l’occasion de la célébration du centenaire de la guerre du Rif (1920-1926) et la bataille d’Anoual, qui a lieu en 1921.
Ces engagements font suite aux revendications du député Joan Tarda, d’ERC, porte-parole du groupe de la gauche républicaine catalane à la chambre basse espagnole. Fervent défenseur du lancement d’un processus de réconciliation auprès de la population rifaine affectée par le gaz moutarde durant la guerre du Rif, Tarda a exigé que l’Espagne répare les dommages infligés aux Rifains par l’usage de ces armes chimiques par son armée. Le «Guernica rifain» comme l’ont surnommé les historiens espagnols fut débattu à plusieurs reprises sous l’hémicycle espagnol, à l’initiative de formation de gauche. En 2005, ce même député avait présenté des excuses solennelles à la population marocaine, notamment celle du Rif, pour les atrocités commises durant la guerre du Rif par l’armée espagnole et l’usage des armes chimiques. Le parlementaire catalan avait exhorté le gouvernement d’alors à se pencher sur les conséquences de cette guerre chimique sur la population du Rif. Or, le diplomate espagnol a estimé que la réconciliation doit se faire dans les deux sens.
Borrell a fait référence aussi à la bataille d’Anoual, «un désastre», comme l’a surnommé le chef de la diplomatie espagnole où 10.000 Espagnols ont péri a-t-il souligné. Tout en précisant que cet épisode militaire fut aussi «dramatique» pour l’Espagne et que tout processus de réparation et de réconciliation doit tenir en compte ce qui s’est passé durant cette bataille. En clair, Madrid serait prêt à reconnaître les exactions commises par son armée dans la région du Rif à condition que le royaume marocain reconnaît de son côté les dégâts causés par la résistance marocaine à l’armée espagnole durant la bataille d’Anoual.