Les lunettes de Daoudi
Il ne suffit pas de drainer davantage d’investissements; encore faut-il faire en sorte qu’ils soient productifs et aient un impact direct sur le quotidien du citoyen. Or, justement, à propos du pouvoir d’achat, le ministre des Affaires générales Lahcen Daoudi a demandé aux parlementaires de «changer de lunettes» pour mieux apprécier l’évolution du flux des investissements, ce qui étaierait ainsi sa thèse selon laquelle «tout va bien». Il a annoncé dans la foulée que le Maroc dépassera l’Italie en termes de production automobile. Ceci nécessite un recadrage dans la forme comme dans le fond. Survolons la forme puisque nous savons qu’à l’hémicycle, on fait souvent de la politique «politicienne» en voulant régler ses comptes avec son adversaire n’importe comment.
S’agissant des investissements, force est de constater que les chiffres avancés par le chef de gouvernement ne sont pas les mêmes que ceux de l’Office des changes. La primature doit détailler aux Marocains sa méthode de calcul, mais cela n’est pas le plus important. Il faut scruter cette manne d’IDE et en évaluer les retombées, notamment la création de richesses, à commencer par l’emploi. Pour l’histoire de l’automobile, le Maroc a certes fait un grand bond en avant en matière de montage, se plaçant désormais dans le top 10 mondial, mais de là à déclarer que notre pays va surpasser l’Italie, il y a de la surenchère… pour ne pas dire autre chose! L’Italie est un constructeur mondial que l’on compare à la France, à l’Angleterre, à l’Allemagne ou encore à la Corée du Sud.
Le Maroc est une plateforme de montage comme la Turquie, le Brésil et la Roumanie. Des pays pour lesquels le Maroc devient un challenger sérieux, de plus en plus au vu du potentiel de son écosystème automobile. Mais de grâce, arrêtez de «vendre des illusions» car notre émergence commence par l’appréciation de notre potentiel réel et de sa valorisation. Faites au moins de la politique… classe !