Les dessous d’une mort annoncée
L’étude faite par le CRI de Casablanca-Settat, avec l’assistance de la Banque mondiale, sur le climat des affaires fait froid dans le dos. Pour ce qui est de la création d’entreprises, de leur survie et leur dissolution, les chiffres sont éloquents. Deux entreprises sur trois meurent avant de boucler leur cinquième année, et 49% des entreprises créées entre 2003 et 2015 ont été liquidées! Ces chiffres corroborent les propos que nous tenions la semaine dernière (Les Inspirations ÉCO du 9 octobre 2018), confirmant ainsi que l’avancement dans le classement Doing Business est trompeur. Le véritable climat des affaires se mesure sur le terrain, et les meilleurs indicateurs se trouvent dans les tiroirs des CRI et des tribunaux de commerce. Pourquoi alors les entreprises, essentiellement les PME, ne résistent-elles pas pendant les cinq premières années? La réponse s’articule autour de deux éléments.
Le premier concerne les difficultés d’accéder au marché pour des entreprises sans références, mais surtout l’opacité d’attribution des marchés. Le deuxième est relatif à la gestion de la trésorerie. Des PME souvent sous-capitalisées ne peuvent tenir le cap face aux interminables délais de paiement et au diktat des clients, notamment les établissements publics. Et sans préconiser des solutions concrètes et efficaces pour les facteurs précités, il y aura toujours un niveau élevé de sinistralité des entreprises pendant leurs premières années. Les premiers signaux du nouveau ministre de l’Économie et des finances sont plutôt rassurants quant à une revue, de fond en comble, des délais de paiement. Cependant, l’accès au marché demeure la grande inconnue devant laquelle tous les gouvernements sont restés passifs! Le quota réservé aux PME n’est que de la poudre aux yeux, et même son activation est partielle. Vivement des solutions, le diagnostic est connu de tous !