La potion magique tant attendue
Les warnings lancés par les institutions officielles se suivent et se ressemblent. Après le ministère des Finances et le CESE, c’est au tour de Bank Al-Maghrib de tirer la sonnette d’alarme sur la situation économique du pays. Lors de son conseil tenu mardi dernier, Abdellatif Jouahri, gouverneur de la Banque centrale, n’a pas hésité à mettre le doigt sur les maux qui plombent la croissance et qui mettent dans la rue 40% des jeunes Marocains.
Avec sa rigueur et sa franchise habituelles, Jouahri demeure égal à lui-même lorsqu’il s’agit de diagnostiquer la structure économique et d’aller, parfois, jusqu’à opposer des pistes alternatives. Sauf que cet exercice risque de ne plus devenir qu’une formalité que l’on répète deux fois l’an et puis s’en va. Cela nous rappelle la Cour des comptes de Jettou et le CESE de Baraka, et avec Bank Al-Maghrib dans la même configuration… cela fait trop ! Qu’attendons-nous au juste de ces institutions? Qu’elles constituent des centres décisionnels ou seulement des antennes de production d’intelligence ? Car les synthèses auxquels les Marocains ont droit depuis quelques mois se bornent à diagnostiquer et à livrer une compilation de doléances. Or, le pouvoir constitutionnel de la Cour des comptes et du ministère des Finances leur confère des droits d’auto-saisine.
C’est d’ailleurs pour cette raison que nous avons demandé à l’auditeur en chef, Driss Jettou, lors de la publication du dernier rapport, de passer à l’action en saisissant la justice et en avisant l’opinion publique de ses actions. Car, il faut le reconnaître, il y a au Maroc une catégorie de «responsables» que seul le recours à la justice pourrait dissuader. Enfin, ces warnings successifs officiels sont bien notés, mais si ces institutions constitutionnelles nous livraient la recette de la potion magique pour y remédier, ce serait encore mieux !