Culture

Samira Brahmia : «J’admire des femmes comme Hamdaouia et Rimiti qui ont bâti la société maghrébine»

Samira Brahmia, Musicienne, auteure compositrice et interprète

Lors de la 15e édition du Festival Timitar ce jeudi 5 juillet, elle a hypnotisé Agadir et le théâtre de la Verdure, par sa voix forte et sa belle présence pleine de douceur. Rencontre avec Samira Brahmia à l’univers profondément maghrébin tout en étant ouvert au monde.

Des sonorités africaines, tagnaouites, andalouses sublimées par une grande voix et quelle voix ! Samira Brahmia est certes une chanteuse à texte mais cela n’enlève rien à la prestation vocale. De balades en morceaux plus rythmés, elle se balade avec son public toujours conquis et lui propose un véritable voyage émotionnel. «Je veux vraiment mettre en lumière, le fait qu’en Algérie et pas qu’en Algérie, au Maroc, en Afrique du Nord, on est à la croisée des chemins de plusieurs cultures. On a la culture africaine en nous, du Moyen-Orient et occidentale qui est présente. J’ai grandi entre la musique du festival de Woodstock et Fadila Djayria, Nass El Ghiwane. J’ai grandi entre toutes ces cultures-là, c’est vraiment une richesse que l’on a et je pense que c’est grâce à cela qu’on arrive à exporter notre musique. En France, un des artistes les plus vendus, les plus produits dans le monde entier pendant longtemps, ça a été Rachid Taha. Il y a un joyau que l’on a et qu’il faut faire développer. Il y a une disposition de cette musique-là à être écoutée par l’Occident», confie celle qui avoue avoir vécu plein d’aventures, de hauts et de bas entre son premier album «Naïlya» et le prochain qui est de sortie cette année. Des concerts, des rencontres, des déceptions, des expériences concluantes ou pas, douze ans au Cabaret Sauvage, l’émission The Voice en 2015 où son passage est remarqué, la maternité, un tout qui se lit comme une lettre ouverte dans un album où elle assume totalement sa binationalité. «Je veux montrer cet aspect-là, à une période où l’on a plein de clichés, plein d’a priori, je trouve que grâce à la culture on peut transmettre plein de messages. C’est mon arme à moi», continue une Samira Brahmia qui trouve qu’il est important, voire primordial, de savoir ce qu’on est, ce qu’on veut, ce qu’on ne veut plus. «Cela fait de moi quelqu’un d’épanoui et de plus équilibré». Née en France, elle grandit en Algérie et vit de plein fouet dans une société patriarcale envoûtée par l’Occident. Dans ses textes, les femmes sont omniprésentes. Elle parle de leur combat, comme cette magnifique chanson «Fabuleux destin» où elle raconte l’histoire de ces petites filles qui se marient jeunes. Elle n’hésite pas à parler des femmes fortes qui ont compté, des modèles pour elle, pour les générations à venir. «Il est très important de parler de cela, de mettre en lumière des personnages féminins pour nos filles, pour nos garçons. J’ai eu la chance d’avoir des parents qui me poussaient à analyser ce qui se passait autour de moi. J’étais adolescente dans les années 80-90 et je m’identifiais à des Rocky à des Rambo, à des films américains, je trouve cela dommage. On a des modèles au Maghreb, en Afrique et il faut qu’on s’identifie à ces modèles-là. La colonisation a fait qu’on a des complexes, on pense être moins bien que les autres. C’est faux. J’admire des femmes comme Chikhat Hamdaouia, Rimiti…des femmes intéressantes qui ont bâti la société marocaine, algérienne, tunisienne». Tantôt en français, en anglais ou en arabe, Samira Brahmia nous embarque de son univers enchanté entre compositions originales et reprises originales. «J’adore reprendre des chansons d’hommes. Comme l’ont fait des femmes qui ont de la poigne, j’aime montrer mon côté féminin maghrébin sanguin. Nous ne sommes pas que dans la douceur, la mélancolie». Le résultat est bluffant : sur scène l’artiste complet, à sa guitare, fait ce qu’elle veut du public avec force et douceur. «Méditerranéenne», celle qui rappelle avec grâce que «nos grand-parents sont africains, sont amazighs, sont arabes», fédère tout en faisant réfléchir et rappelle les choses essentielles avec humilité. Un véritable vent de fraîcheur.



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