Libéralisation «sauvage»
Le feuilleton ramadanesque le plus suivi par les Marocains aura démontré les limites de la libéralisation des prix à la marocaine. Oui, à la marocaine. Car, de par le monde, on ne libéralise pas avant de verrouiller les conditions de la concurrence loyale et de mettre en place les outils de contrôle de cette mesure. On l’avait dit ici même il y a environ un mois : désormais, il y a un avant et un après boycott. Et la démission du ministre des Affaires générales et de la gouvernance est là pour traduire ce changement majeur.
Daoudi, puisque c’est de lui qu’il s’agit, avait déclaré il y a un an que le gouvernement ne disposait pas d’outil à même de déterminer si oui ou non il y a entente sur les prix. Faux. Il y a le Conseil de la concurrence que le gouvernement a volontairement fait entrer en hibernation pour des raisons obscures. Car au lieu de faire fonctionner cette institution constitutionnelle, l’Exécutif a feint de regarder ailleurs. Quand le problème a éclaté, le porte-parole a déclaré que les membres du conseil pouvaient continuer à exercer. Faux. La loi-cadre du conseil précise la durée du mandat des membres et laisse ouverte celle du président nommé par le roi.
En d’autres termes, Abdelali Benamour est toujours président, mais sans Conseil d’administration. C’est comme demander à un entraîneur de jouer le match sans joueurs ! Maintenant que la libéralisation «sauvage» a clairement montré sa prédation et que l’opinion publique s’est substituée aux institutions, il faut absolument revenir aux fondamentaux et réinstaurer la sérénité. Ce n’est pas un luxe!