Pilotage citoyen ?
Quand un richard se permet de faire une balade, dans un bidonville, au volant d’un bolide de 3 MDH (si ce n’est plus), c’est de l’indécence car nous sommes dans un pays pauvre et le minimum de solidarité sociale est requis. Quand il s’agit de deniers publics, l’équation est plus compliquée puisque c’est le contribuable qui alimente les caisses de l’État. Ces dernières doivent payer les salaires et toutes les charges du pays – en partie puisqu’elles ne suffisent pas. C’est pourquoi l’État fait la sourde oreille face aux revendications syndicales qui réclament une augmentation du Smig de 2.850 DH à 4.000 DH. Pour ce faire, les syndicats promettent de remuer ciel et terre, et l’État estime que cette revendication relève de l’utopie vu les limites de ses moyens. Imaginez que dans ce pays, où nous vivons ensemble et où nous achetons tous la baguette de pain à 1,20 DH, une catégorie de salariés payée par les deniers publics revendique une augmentation de salaire de 30.000 DH par mois nette d’impôts, soit le salaire d’une année de durs labeurs d’un smigard ! Cette catégorie est celle des pilotes de ligne dont le salaire mensuel moyen des commandants de bord est de 140.000 DH net d’impôts et des copilotes de 100.000 DH, soit jusqu’à 47 fois le Smig, au moment où ce ratio ne dépasse pas les 12 fois en France et en Angleterre (détails en page 10). Un rapport qui se passe de tout commentaire. C’est dire qu’on n’attend plus l’association des pilotes, dont les membres font partie des Marocains riches, dans des actions de solidarité et de citoyenneté, histoire de renvoyer l’ascenseur à ce «bled» qui leur a tant donné.