Le luxe et la priorité
Christine Lagarde, directrice générale du FMI, tout en gardant les formules de courtoisie dans son intervention à Marrakech, a mis le doigt là où cela fait mal : le faible taux de croissance. Ce constat prouve que nous ne produisons pas assez pour faire face à nos multiples défis en matière de création de richesses et d’emplois. Lagarde s’est longuement arrêtée sur la principale contrainte qui nous guette, à savoir la demande grandissante de l’emploi des jeunes. En effet, notre pays a besoin d’au moins un taux de croissance moyen de 5,8% pendant une dizaine d’années afin de pouvoir faire face, et encore, à cette masse qui intègre le marché du travail chaque année.
Le rythme actuel de 3% par an nous prendra 53 années pour atteindre le niveau de vie de la France de 2018, 42 années par rapport au Portugal et 23 ans par rapport à la Turquie. Cette dernière a amélioré son PIB, entre 2002 et 2017, de 208% au moment où le Maroc n’a fait que 117% sur les quinze dernières années. Le plus inquiétant, c’est que le fossé ira en s’élargissant puisque nos challengers font mieux que le Maroc pour des raisons structurelles. Notre modèle de développement est handicapant, en dépit de multiples atouts dont bénéficie notre économie, c’est pourquoi le facteur temps est un capital immatériel que nous dilapidons au fil des années. Un sujet crucial qui va hypothéquer l’avenir de notre pays et de nos compatriotes, et qui est totalement absent des écrans ! Le débat autour d’un nouveau modèle de développement n’est pas un luxe, c’est une priorité.