Flexibilité du dirham : «Pas d’incidence immédiate sur les banques marocaines en Afrique»

Youssef Rouissi, Directeur général-adjoint du groupe Attijariwafa Bank en charge de la Banque de financement et d’investissement.
La flexibilité du dirham marocain ne devrait pas avoir d’incidence à court terme sur les activités africaines des banques marocaines. L’assurance est de Youssef Rouissi, directeur général-adjoint du groupe Attijariwafa Bank pour qui cette mesure aidera à faire du Maroc un «hub» multisectoriel pour l’Afrique.
Les Inspirations ÉCO : Est-ce que la flexibilité du dirham pourrait avoir un impact sur les activités africaines des banques marocaines ?
Youssef Rouissi : Pour rappel, la réforme de change en vigueur depuis le 15 janvier de cette année a consisté principalement à élargir la bande de fluctuation du dirham à +/- 2,5% autour des cours de change de référence affichés par Bank Al-Maghrib. Le mode de détermination de la valeur nominale du dirham n’a pas changé, cette valeur dépend d’un panier constitué des deux devises que sont l’Euro et le Dollar américain avec une pondération respective de 60 et 40% conformément à la structure des échanges commerciaux et financiers du royaume. Ainsi, toute chose étant égale par ailleurs, la réforme ne devrait pas avoir d’incidence à court terme sur les activités africaines des banques marocaines.
Quels en sont les plus grands impacts ?
Comme mentionnée précédemment, cette réforme consiste en un élargissement technique de la bande de fluctuation du dirham. Autrement dit, cette bande plus large permettra de prendre davantage en considération le jeu de la loi de l’offre et de la demande sur le marché de change marocain. Cette réforme est également un premier pas important puisqu’elle s’inscrit dans le cadre d’un processus de libéralisation du dirham qui devrait probablement durer une quinzaine d’années, voire plus.
La flexibilité du dirham peut-elle aider à faire du Maroc un hub financier pour l’Afrique ?
La mise en place effective de cette réforme, premier jalon d’un processus plus long, est un signal important donné au marché national mais également international. Elle est donc cohérente avec la stratégie de positionnement du Maroc en tant que hub économique et financier puisqu’elle renforce le constat que le Maroc assume l’ouverture de son économie. Ce long processus de libéralisation du dirham vise, il ne faut pas l’oublier, à améliorer la compétitivité et donc l’attractivité de notre économie. À cet effet, cette mesure et toutes les mesures qui suivront, renforceront in fine les atouts de la stratégie de «hubs» marocains qu’ils soient financier, industriel ou dans les services.
En termes d’investissements marocains en Afrique, quel en sera l’effet positif ?
Les investissements marocains en Afrique sont déjà très importants, le Maroc en quelques années est devenu un des principaux investisseurs intra-africains et cela dans de nombreux secteurs économiques et financiers. Cette dynamique déjà enclenchée devrait probablement se poursuivre à l’avenir car le continent africain est un espace diversifié avec des besoins importants. Les entreprises marocaines ont des atouts incontestables pour se positionner sur cet échiquier et approchent déjà les banques marocaines pour les accompagner dans leurs investissements sur tous les aspects en termes de conseil, de financement et de transactions de change.
Sur le plan des échanges commerciaux avec l’Afrique, comment cette flexibilité risque-t-elle de se faire sentir ?
Comme pour les investissements, au niveau des échanges commerciaux, le processus est déjà entamé lui aussi. Cette réforme et celles qui devraient suivre, conduiront, si elles réussissent, à une transformation progressive de notre économie. Elles pousseront également nos entreprises à chercher de nouvelles opportunités d’exportations sur un espace géographique très large. Le continent africain constitue clairement une alternative crédible et intéressante de développement des échanges commerciaux pour nos entreprises. Le processus de libéralisation s’inscrit sans aucun doute et dans la durée dans cette démarche.