De la candidature de Leila Aïchi

Devant le tollé suscité par sa nomination par la République d’«En Marche !» en qualité de candidate aux législatives pour représenter la 9e circonscription des Français de l’étranger (Maghreb-Afrique), Mme Leila Aïchi conteste les propos qui lui sont prêtés et dénonce l’accusation du positionnement pro- Polisario qui lui est portée. Elle affirme en riposte n’avoir jamais tenu «des paroles déplacées à l’encontre du Maroc, de son peuple et de la personne du roi…», ajoutant «je n’ai jamais questionné l’intégrité territoriale du Maroc…». C’est oublier que dans une interview accordée en février 2013 au quotidien algérien El Watan, à l’occasion du colloque qu’elle organisait à cette date au Sénat, elle a affirmé : «Sauf erreur de ma part, le Sahara occidental n’appartient pas au Maroc, c’est un territoire dont le statut juridique n’est pas encore tranché…» Il est à noter encore que dans cette même interview à El Watan, répondant à l’autre question posée, «d’où sont venues les réactions les plus violentes ?», elle déclarait : «Essentiellement d’associations marocaines favorables au statu quo sur cette question du Sahara occidental. Il est évident que ce colloque a aussi gêné les autorités marocaines…». Il ne faut pas s’étonner que ce colloque ait suscité des réactions critiques dans la mesure où il s’est déroulé presqu’à «huis clos» puisqu’aucun représentant du Maroc ou associations marocaines n’y avaient été conviés pour apporter la contradiction.
Mme Leila Aïchi semble avoir oublié, en tant qu’avocate de formation, «soucieuse des droits de l’Homme» comme elle se définit, qu’un procès se déroule à charge et à décharge et que l’objectivité commande que l’on entende toutes les parties même s’il s’agit d’un simple colloque surtout qu’à une autre question d’El Watan, «il vous est reproché un parti pris du fait de vos origines algériennes», elle a répondu : «…Le Sahara occidental est une problématique internationale, les atteintes aux droits de l’homme dont est victime la population sahraouie sont avérées mais pas assez médiatisées…» (sic).
À cela, s’ajoute une autre interview donnée en avril 2015 à Chouf TV, (que l’on peut encore voir sur internet sous la présentation de Majda Abdallah), au cours de laquelle on peut entendre Mme Leila Aïchi déclarer que la question du «Sahara occidental est le dernier conflit colonial» (sic). Contrairement aux réfutations de Mme Leila Aïchi, tous ces propos ne constituent-ils pas des accusations contre le Maroc ? Il est curieux que Mme Leila Aïchi qui se dit «légaliste» et «soucieuse des droits de l’Homme» n’ait pas intégré dans le programme du colloque organisé par elle au Sénat de 2013, d’une part, la question des droits de l’Homme en ce qui concerne les séquestrés de Tindouf et, d’autre part, le développement apporté par le Maroc à ses provinces du sud.
Le reproche qui est fait à Mme Aïchi n’a jamais porté sur ses origines algériennes, loin de là, mais sur les propos tenus par elle dans ses différentes manifestations ou interviews. Comment Mme Leila Aïchi peut-elle donc s’étonner aujourd’hui de la contestation que soulève, au Maroc (et même au-delà), sa candidature, pays dans lequel réside un grand nombre de Français qu’elle sera censée, si elle est élue, représenter et dans lequel elle ne semble pas avoir pris au moins l’initiative de se rendre avant d’organiser un colloque dans lequel celui-ci a été mis en accusation.
Aïcha Anssar-Rachidi
Avocate à la Cour de Paris