L’erreur à ne pas commettre
Les mouvements sociaux du Rif doivent être traités avec beaucoup de doigté. Ni bâton, ni carotte, mais du pragmatisme car si les revendications des Rifains sont purement sociaux-économiques, les mesures à prendre doivent répondre à une logique globale douée d’une spécificité régionale. Il ne faut pas non plus raviver les tensions par des accusations «officieuses» faisant allusion à une quelconque accointance étrangère. Il ne faut pas non plus enlever aux Marocains le mérite de défendre leur droit par les moyens légaux que leur confère l’État de droit.
Maintenant, dans cette approche globale, il faudrait penser aux revendications silencieuses des autres régions. Faire preuve d’anticipation relève d’une méthodologie de fond et non de remèdes de circonstance. Et dans cette logique, il y a lieu d’impliquer pleinement les conseils régionaux car en fin de compte les populations ont voté pour eux et cette légitimité électorale doit bien servir à quelque chose.
Le ministre de l’Intérieur n’a pas à se déplacer pour dialoguer avec les habitants des zones sensibles. Quid alors du wali, qui, s’il n’arrive pas à communiquer avec les populations, doit être débarqué sur-le-champ ? La crise du Rif – et principalement d’Al Hoceima – devrait inciter le ministre de l’Intérieur à organiser une réunion d’urgence avec les 12 walis pour leur communiquer les objectifs d’anticipation afin d’éviter un effet de contagion, mettre à leur disposition les moyens nécessaires pour ce faire et surtout leur imposer une méthodologie commune qui prône le dialogue, l’écoute et la priorité donnée aux doléances de la jeunesse. Se contenter de résoudre, en aparté, les problèmes de la seule région qui s’est soulevée est l’erreur à ne pas commettre !