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Baccalauréat professionnel : La formule ne prend pas ?

Lancé en 2014, le baccalauréat professionnel n’a pu attirer en trois ans que quelque 14.000 élèves. Plusieurs défis restent à relever pour booster cette branche qui compte actuellement 22 filières axées sur trois secteurs : l’industrie, l’agriculture et les services. Une première évaluation est prévue pour la fin de cette année scolaire.

Ils sont 14.000 lycéens à avoir, jusque-là, opté pour le baccalauréat professionnel ; une expérience lancée lors de l’année scolaire 2014/2015. Le chiffre n’est pas encore à la hauteur des aspirations. Il reste, en effet, quelques contraintes à dépasser. De l’avis même du département de tutelle, il s’agit de plusieurs défis à relever pour résoudre les problématiques qui persistent encore, dont la difficulté de définition des besoins de l’économie en qualité et quantité (cartographie des métiers), la méconnaissance ou l’insuffisance du tissu économique au niveau de certaines régions pour mettre en place certaines filières du baccalauréat professionnel, le déficit en matière de conseil, d’information et d’orientation ainsi que des contraintes socioculturelles (stigmatisation de la formation professionnelle, volonté de poursuivre les études classiques actuelles). En dépit de ces difficultés, le chef de la division de l’enseignement technique et de l’organisation de l’enseignement des CPGE et du BTS, au ministère de l’Éducation nationale rassure : Des mesures seront élaborées puis mises en œuvre pour dépasser ces contraintes dans le cadre des projets intégrés de la vision stratégique 2015-2030. Une première évaluation est prévue pour la fin de cette année scolaire qui connaîtra la sortie de la première promotion de bacheliers de cette branche.

Le ministère est actuellement en phase d’élaboration d’un modèle d’évaluation. Ce baccalauréat devra répondre aux besoins du marché du travail et contribuer à augmenter les chances d’insertion professionnelle des futurs bacheliers tout en leur donnant également la possibilité de poursuivre leurs études supérieures. Les 22 filières dispensées sont axées sur trois secteurs : l’industrie, l’agriculture et les services. Pour connaître les filières les plus prisées, un courrier a été adressé aux Académies régionales d’éducation et de formation pour collecter les informations relatives à cette question. Il faut dire que l’évaluation de tout le système s’avère une nécessité pour pouvoir rectifier le tir et inciter davantage d’élèves à suivre le chemin des études professionnelles.

Quid des perspectives de développement de cette branche ?
L’élargissement du «Bac pro» devra évoluer au fur et à mesure pour répondre aux attentes du Maroc en cadres et main-d’œuvre qualifiée dans différents métiers. Pour Ali Allouch, chef de la division de l’enseignement technique et de l’organisation de l’enseignement des CPGE et du BTS, l’enseignement professionnel répondra à l’une des principales préoccupations de notre système d’éducation et de formation concernant la diversification de l’offre éducative. Aussi, dès le primaire, des mesures concrètes sont mises en place pour encourager les élèves à opter pour l’enseignement professionnel. Il s’agit notamment du parcours de découverte des métiers au primaire qui vise à identifier les vocations professionnelles des élèves en fin du cycle primaire et sensibiliser les élèves et leurs parents aux métiers.

À cela s’ajoute la mise en place d’un parcours collégial professionnel afin d’offrir un premier niveau de qualification à ceux qui souhaitent accéder à la vie active et réduire, par conséquent progressivement, le nombre de jeunes qui quittent le système éducatif sans qualification et sans diplôme.

La concrétisation de ce travail nécessite des préalables. Elle passe, en effet, par la consultation des partenaires potentiels pour l’identification et le choix des filières, l’élaboration et signature des conventions de partenariat ainsi que la mise en réseaux des établissements d’enseignement général et de formation professionnelle.


Processus de mise en place

L’expérience pilote a démarré en 2014/2015. En cette année scolaire, il a été procédé au choix des filières et à l’élaboration des fiches profils de concertation avec les opérateurs de la formation professionnelle et les professionnels. Il a fallu aussi signer des conventions de partenariat avec l’OFPPT et les associations professionnelles concernées, élaborer la carte éducative et identifier des réseaux d’établissements abritant le «Bac pro».  Cinq sites ont été concernés : l’Institut des métiers de l’aéronautique de Nouaceur, trois instituts de formation aux métiers de l’industrie automobile (Casablanca, Kénitra et Tanger) et le Lycée agricole de Temara. Des référentiels de formation pour le tronc commun professionnel (agricole et industriel) ont été élaborés ainsi des notes relatives au système d’orientation et des passerelles et au cadrage du Bac pro. L’expérience a été, par la suite, élargie par le choix des filières et l’élaboration des fiches profils de concert avec les partenaires. D’autres réseaux d’établissements abritant le Bac pro ont été identifiés.


«Les élèves du Bac pro nécessitent une mobilisation permanente»

Ali Allouch
Chef de la division de l’Enseignement technique et de l’organisation de l’enseignement des CPGE et du BTS

Les Inspirations ÉCO : Comment qualifiez-vous le partenariat avec l’OFPPT ?   
Ali Allouch : Le partenariat avec les opérateurs de formation, notamment l’OFPPT, est très bénéfique pour le système d’éducation et de formation de notre pays, sachant qu’à travers une mutualisation des ressources matérielles et humaines, ce partenariat permettra d’instaurer une collaboration, basée sur le partage et l’exercice synchronisé des responsabilités, entre les structures d’enseignement général, d’enseignement technique et de formation professionnelle, permettant la mise en commun et l’exploitation optimale des équipements, des laboratoires, des ateliers et de l’encadrement disponibles. Il s’agit aussi de la mise en place, de manière progressive, en tenant compte de la distribution et de la capacité d’accueil des établissements, des réseaux d’éducation et de formation, basés sur des conventions et des cadres réglementaires précis. Ces réseaux auront fondamentalement pour but de confier, autant que possible, les enseignements scolaires, théoriques ou académiques, aux établissements d’enseignement général et les travaux d’ateliers pratiques aux établissements d’enseignement professionnel.

Quel est votre regard sur l’intérêt que les lycéens portent aux filières professionnelles ?
Le système d’éducation et de formation présente des fragilités marquées, entre autres, par l’inexistence de passerelles de la formation professionnelle vers l’enseignement général et de la persistance du phénomène de déperditions scolaires et du nombre d’abondons sans diplôme. Ainsi, la mise en place du Bac pro contribuera à une meilleure intégration des composantes du système éducatif (générale et professionnelle), renforcer le rapprochement entre le système d’éducation et de formation et le marché du travail, d’étendre et de valoriser davantage la voie professionnelle dans le système d’éducation et de formation. Les diplômés  auront aussi la possibilité de poursuivre des études secondaires et supérieures. Cependant, les élèves qui optent pour ces filières ont besoion de clarifications sur les perspectives d’insertion dans l’enseignement supérieur ou dans la vie active.

Que faut-il pour améliorer l’efficacité du corps enseignant ?
L’enseignement des matières générales est assuré, au sein des lycées, par les enseignants de l’éducation nationale. Quant à l’enseignement des matières professionnelles, il est assuré, au sein des établissements de la formation professionnelle, par des formateurs. Les équipes pédagogiques doivent avoir des espaces de concertation et d’échanges, malgré le fait que leurs interventions éducatives et de formation se déroulent dans des lieux différents.



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