Crime éducatif
Au moment où la gratuité de la scolarisation fait débat, les établissements de l’enseignement public sont victimes d’un massacre sans précédent. Aussi contradictoire que cela puisse paraître, on détruit à tours de bras l’école publique alors que dans certains établissements, on entasse les élèves (soixante à soixante-dix par classe). L’enquête que nous publions dans ce numéro sur le phénomène de cession de dizaines d’écoles publiques, situées dans les meilleurs quartiers de Casablanca, au profit de «prédateurs» immobiliers, est plus que révélatrice. Il faut préciser, clairement et une fois pour toutes les objectifs de notre pays en matière de système éducatif. Voulons-nous construire l’avenir autour d’une meilleure éducation ou cherchons-nous à installer un modèle où l’enseignement serait relégué au dernier rang ? Ce qui se passe au niveau de l’Académie du grand Casablanca donne l’impression que l’État a officiellement déclaré la faillite de l’école publique et qu’il est près à passer les commandes aux promoteurs immobiliers et aux professionnels de l’enseignement privé. Des écoles, collèges et lycées, jusqu’ici mythiques, passent sans aucun remord à la trappe. Le lycée Chaouki, le collège Mohamed Abdou, le lycée Al Hotaia et plusieurs dizaines d’autres établissements ne seront, prochainement, que des souvenirs. Devant cela, l’État ne dispose d’aucune alternative ou de justification, mais de beaucoup d’«off» et de «langue de bois». Les responsables locaux demeurent aussi responsables de ce crime éducatif qui vient décimer l’institution scolaire, au bonheur des spéculateurs.