Justice et amalgame
Le gouverneur et le procureur du roi à Al Hoceïma étaient totalement «largués». Sitôt le drame Fikri éclaté, les deux responsables sont sortis à 3 heures du matin pour calmer la population de la ville. Une «bonne volonté» qui a été loin de convaincre, tant ces responsables étaient dépassés par les évènements. Même leur langue de bois, bien rodée à l’exercice, n’y a rien fait. Les manifestants étaient déjà bien chauffés. Sur le plan purement juridique et des droits de l’homme, cette affaire est un test grandeur nature des limites de la responsabilité de l’administration et du respect du principe de la reddition des comptes, sans distinction aucune. Sous d’autres cieux, les premiers à sauter auraient été, justement, ce gouverneur et ce procureur pour défaillance caractérisée dans le process de contrôle et de justice. Au Maroc, et le ministre de l’Intérieur l’a annoncé, le roi a donné ses instructions formelles pour que soit punie toute personne ayant failli dans la chaîne des responsabilités. Sur un autre plan, il faudrait se féliciter de la retenue dont ont fait preuve les manifestants ayant exprimé leur indignation envers la tournure des évènements. En revanche, il y a lieu de s’interroger sur l’attitude de certains milieux, dont des formations politiques, qui ont jeté de l’huile sur le feu durant tout le week-end dernier, surfant tantôt sur la fibre tribale, tantôt sur la «hogra»! Le Maroc n’est ni la Syrie ni la Libye, c’est un pays dont la stabilité est reconnue et plébiscitée. À charge pour nous, Marocains, de protéger cet acquis en évitant un discours haineux et en prônant la reddition des comptes et le respect des fondements de l’État de droit.