Succès conditionné
Quelles que soient les couleurs politiques de la coalition que Benkirane composera pour sa majorité, celle-ci devra faire preuve de cohésion. Exit la cacophonie, et fini le temps où les partis intégraient la même majorité avec un référentiel d’opposition. Ce déphasage politique a fait souffrir le Maroc de douloureux tiraillements et lui a fait perdre au passage des réformes et des lois organiques. Aujourd’hui, deux préalables s’imposent à l’équipe à constituer dans les jours ou les semaines à venir. Primo, il faudra prioriser l’enjeu patriote, et non le nombre de postes ministériels à pourvoir. Un cabinet de 25 ministres au maximum, scindé en quatre ou cinq pôles, conférerait de la crédibilité et de la cohérence à l’équipe Benkirane. Le deuxième préalable est celui de savoir, en amont, éviter les collisions autour de certaines réformes. Il ne devrait pas y avoir de remise en cause des réformes déjà entamées pendant le premier mandat de Benkirane. Un lourd tribut a déjà été payé par le Maroc, à cause de gouvernements qui venaient effacer les efforts de leurs prédécesseurs et faire table rase, par simple «orgueil politique». Il faut finaliser le chantier de la décompensation en sauvegardant les acquis des couches les plus défavorisées, veiller à la bonne application des nouvelles dispositions de la retraite et s’atteler sans délai aux maux qui rongent la société marocaine (éducation, santé, emploi) et concernant lesquels le précédent gouvernement a essuyé un échec cuisant. Les partis qui composeront la majorité doivent donc être disposés à faire des sacrifices en termes de nombre de portefeuilles et s’inscrire dans la construction d’une «team» solidaire. Les partis qui ne sauront pas faire de concession n’auront vraisemblablement rien à faire dans le prochain gouvernement.