Le sens d’une mesure
La concurrence a des vertus, mais elle peut aussi donner lieu à des dérapages. Elle peut tirer les prix vers le bas, ce qui s’accompagne d’une amélioration de la qualité et d’une stimulation de la consommation, mais elle pourrait tout à fait avoir l’effet inverse si ses règles les plus élémentaires étaient bafouées. Personne n’ignore que les ententes, parfois formelles et souvent informelles, ont été constatées de par le passé dans certains secteurs. Hier, les télécoms et les banques, aujourd’hui les distributeurs d’hydrocarbures. Et ce n’est ni une rumeur ni une simple supposition, puisque c’est le wali de Bank Al-Maghrib qui affirme que la libéralisation des prix à la pompe n’aurait profité qu’à ces sociétés ! Et Jouahri d’ajouter que cela se passe dans l’indifférence du gouvernement, et il a raison car le gouvernement Benkirane avait une priorité : celle de décompenser les prix à la pompe et de stopper l’hémorragie de la Caisse de compensation. L’Exécutif n’a rien fait pour accompagner cette libéralisation en termes de mise en place des outils de contrôle et de supervision. Pire encore, le gouvernement a pratiquement gelé les activités du Conseil de la concurrence, toujours dépourvu des attributions qui lui ont été conférées par la Constitution, faute de loi organique. Et c’est justement là une priorité pour le prochain cabinet, de sorte à permettre à la décompensation de prendre tout son sens et de ne pas en faire une fin en soi car, une mesure – n’importe laquelle – n’aura servi a rien si elle ne profite pas au consommateur, au citoyen.