Responsabilité historique
En matière de listes nationales des jeunes et des femmes, l’écrasante majorité des partis devrait rougir, tellement celles-ci traduisent en filigrane des liens de copinage, de clientélisme et même de… corruption. À la veille des élections, certains partis ont préféré garder sous scellés ces listes pour ne les communiquer qu’à la fin du délai légal, d’autres retardent volontairement l’annonce du classement des candidats sachant qu’elles provoqueraient un tollé. Et puis, il y a ceux qui ont fait fi de tout cela en annonçant «leur» liste au grand dam des bases. Eh oui, car généralement les jeunes qui font le travail ingrat, accomplissent les tâches du back office et se battent sur le terrain, devraient être prioritaires sur ces listes. Or, les leaders politiques y placent progéniture, épouses, proches et amis en pole position. Les jeunes et femmes militants qui font l’essentiel du boulot et qui devraient être les élites dirigeants de demain sont cantonnés aux seconds rôles. On les retrouve généralement au-delà du sixième rang où les chances de repêchage sont minimes. Le message de la politisation de la jeunesse marocaine devient ainsi un slogan vidé de son sens, se traduisant sur le terrain par le désespoir et un sentiment de non appartenance. La classe politique commet, par ces pratiques, le pire désaveu face à la mobilisation des jeunes capables de parler le même langage que les électeurs de leur génération. Les partis confirment donc la rupture avec les bases composées essentiellement de jeunes. Périlleux ! Ces partis ne semblent pas être conscients que ces agissements risquent de compromettre le processus de démocratisation de la société.