Gaz à effet de serre : l’UE fixe un objectif “flexible” de réduction de 90% des émissions à l’horizon 2040

La Commission européenne a soumis, mercredi, aux 27 États membres sa proposition pour l’objectif climatique de l’UE à l’horizon 2040, maintenant l’objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) de 90% par rapport à 1990, tout en introduisant des «flexibilités» face aux réticences de certains pays.
Dans un contexte de tensions géopolitiques, de concurrence industrielle exacerbée et d’inflation persistante, la Commission européenne a présenté, mercredi 26 juin, sa proposition pour fixer le prochain objectif climatique de l’Union à l’horizon 2040. Bruxelles recommande de réduire de 90% les émissions de gaz à effet de serre (GES) par rapport à 1990, tout en intégrant des mécanismes de flexibilité censés répondre aux préoccupations des États membres les plus réticents.
Ce seuil intermédiaire, censé jalonner la trajectoire vers la neutralité carbone en 2050, s’inscrit dans la continuité du Pacte vert européen et des engagements pris lors de l’Accord de Paris. Il vient prolonger l’objectif actuel de réduction de 55% à l’horizon 2030, que l’Union estime désormais «en bonne voie» d’atteindre. La nouvelle étape proposée est toutefois plus délicate à négocier, alors que les divergences entre États membres se cristallisent sur le rythme et le coût de la transition.
Flexibilités introduites, critiques relancées
Pour tenter de rallier les pays les plus dépendants des énergies fossiles ou les industries les plus exposées à la concurrence internationale, la Commission adopte une approche dite «pragmatique et flexible». L’objectif de -90% serait ainsi atteint via un calcul intégrant des mécanismes d’ajustement, dont les modalités précises restent à définir.
Ce compromis vise à ménager les marges de manœuvre nationales, sans compromettre la trajectoire globale. Mais cette ouverture fait déjà grincer des dents du côté des ONG environnementales. Plusieurs organisations dénoncent une dilution de l’ambition initiale, estimant que les «souplesses» proposées pourraient encourager l’inaction ou les dérogations sectorielles. Bruxelles rétorque que l’orientation choisie «tient compte du contexte économique, sécuritaire et géopolitique» et «offre aux investisseurs et aux entreprises la stabilité dont ils ont besoin».
Entre ambition climatique et stratégie industrielle
L’Exécutif européen assure que l’objectif 2040 est conçu pour renforcer la compétitivité du continent. Il est ainsi articulé avec le Pacte de compétitivité, l’Accord pour une industrie propre et le Plan d’action pour une énergie abordable. En filigrane, il s’agit de consolider la souveraineté énergétique de l’Union et de stimuler les investissements dans les technologies bas carbone, sachant que les États-Unis et la Chine accélèrent dans ce domaine.
«Alors que les citoyens européens ressentent de plus en plus l’impact du changement climatique, ils attendent de l’Europe qu’elle agisse», a plaidé Ursula von der Leyen, évoquant un «chemin pragmatique et réaliste». À quelques mois des élections européennes, la Commission veut afficher un cap clair et rassurer les milieux économiques, sans attiser davantage les clivages internes.
Prochaine étape avant la COP30
La proposition sera discutée à titre informel lors d’une réunion des ministres de l’Environnement prévue à la mi-juillet, avant un possible vote le 18 septembre. Le texte devrait ensuite être transmis au Parlement européen, où les équilibres politiques post-électoraux pourraient peser sur les amendements.
Bruxelles espère obtenir un accord sur l’objectif 2040 avant la tenue de la prochaine conférence climat de l’ONU (COP30), en novembre, à Belém, au Brésil. Un signal politique que l’Union veut adresser à la communauté internationale, alors que les débats mondiaux sur la transition énergétique se polarisent entre ambitions écologiques et préoccupations économiques.
Sami Nemli avec agences / Les Inspirations ÉCO